Comment les assureurs identifient de mieux en mieux les risques

Les assureurs pourraient utiliser le big data pour mettre en place une tarification liée au comportement de leurs clients. Une évolution en catimini, et qui remettrait en question le vieux modèle assurantiel.
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Le développer, mais sans trop le dire. Le big data, les assureurs ne l'assument pas toujours. Il faut dire que le côté Big Brother pourrait effrayer les citoyens-consommateurs. Et que l'utilisation de nouvelles techniques est susceptible de donner une longueur d'avance sur la concurrence, à conserver le plus longtemps possible. Ainsi, une grande compagnie, qui refuse de voir son nom cité, a mis au point un système ingénieux de prévision des consultations médicales, en utilisant la masse de messages échangés par les internautes sur les forums consacrés à la santé (une idée venue de Google, qui a cartographié une épidémie de grippe).

« Avec ce dispositif, il est possible de prévoir les consultations quatre à cinq mois à l'avance », estime Julien Cabot, directeur associé du cabinet de conseil en informatique Octo. L'intérêt pour l'assureur ? Anticiper les besoins des patients, et pouvoir mener une politique de prévention beaucoup plus ajustée : en communiquant rapidement auprès de ses clients, cette compagnie peut couper court à des rumeurs sur telle ou telle affection et éviter des consultations médicales inutiles. L'analyse ne résulte pas d'un survol des forums médicaux : « 500 000 messages laissés par les internautes sont traités tous les mois », souligne Julien Cabot.

L'utilisation du big data va bien au-delà. Les assureurs ont toujours été friands de données, sur la base desquelles ils établissent des corrélations, afin de déterminer un risque moyen. Des données parfois coûteuses à recueillir, des enquêtes étant nécessaires. Aujourd'hui, avec le big data, c'est quasiment le trop-plein... Il pourrait même provoquer un véritable changement de modèle pour les assureurs. Car la technique rencontre l'évolution de la société.

Vers l'individualition du calcul du risque

Jusqu'à maintenant, les assurés acceptaient plus ou moins de voir leurs risques tarifés selon leur appartenance à un groupe. C'était la base du modèle de 1945, fondé sur des solidarités professionnelles : en matière de santé, par exemple, les jeunes fonctionnaires acceptaient de cotiser plus, pour les « vieux » agents de l'État. L'assurance fonctionne traditionnellement sur ce modèle de rattachement de chaque client à tel ou tel groupe, qui présente tel ou tel risque. Mais les consommateurs, de plus en plus individualistes, veulent aujourd'hui payer en fonction de leur propre risque. Et la technique le permet.

Ainsi, pour l'assurance auto, le pay as you drive s'est beaucoup développé aux États-Unis et en Grande-Bretagne et arrive en France. Cela va au-delà d'un tarif selon le kilométrage. L'assureur place un boîtier dans la voiture, qui lui permet de connaître le nombre de kilomètres parcourus mais aussi le comportement du conducteur : a-t-il tendance à accélérer et freiner brusquement ? Roule-t-il souvent la nuit ? C'est en fonction de ces paramètres que le tarif sera ajusté. Au risque de surprendre son client, qui se considère bien sûr comme un bon conducteur, et donc un bon « risque ».
 

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Commentaires 5
à écrit le 03/04/2013 à 13:54
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le scoring existe depuis longtemps; le big data c'est bien; quand ils vont commencer a devoir exploiter des donnees tres eclatees, ils vont commencer a rire... ceux qui sont dedans savent de quoi je parle...

le 03/04/2013 à 14:46
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@churchill: enfin, ceux qui ont essaimé leurs infos personnelles sur facebook et compagnie vont commencer à pleurer en s'apercevant que lesdites infos sont utilisées contre eux :-)

à écrit le 03/04/2013 à 13:14
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je me suis toujours posé une question : alors que les accidents de la route font de moins en moins de victimes et que les accidents corporels constituent la majeure partie des dépenses des assurances, comment cela se fait il que les cotisations augme...

le 03/04/2013 à 13:57
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y a de moins en moins d'accidents, mais votre phare qui avant etait un vulgaire morceau de plastique coute desormais 400 euros, le pare brise c'est plus encore, et s'il y a un handicape a dedommager a vie ( c'est la que sont le gros des couts) c'est ...

le 03/04/2013 à 15:50
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C'est effectivement le cout des corporels qui augmente le plus .En ce qui concerne les sinistres matériels auto les assureurs se plaignent que le prix des pièces de rechange et les tarifs horaires des réparateurs augmentent plus que l'inflation .Pour...

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