Jean-Louis Faure : "répondre aux attentes et aux besoins des entreprises et des salariés"

Le délégué général du Centre technique des institutions de prévoyance, fait le point sur l'état du secteur. Selon lui, les évolutions sociales et les réformes à venir conduiront les institutions de prévoyance à jouer un rôle plus grand dans le système de protection sociale complémentaire.

Comment expliquer les mouvements de concentration et de partenariats dans le secteur des institutions de prévoyances (IP) ?

Il y a deux raisons principales à ce phénomène. Tout d'abord, il y a eu une volonté des partenaires sociaux de la retraite complémentaire de voir se regrouper les groupes de protection sociale afin d'arriver à une vingtaine de groupes. Nous en sommes à ce stade aujourd'hui. Ensuite, il faut savoir que le métier de la prévoyance et de complémentaire santé est un métier exigeant qui requiert des moyens très importants. Il faut par conséquent pouvoir les mutualiser afin de réduire les coûts fixes qui sont de plus en plus élevés. Ces regroupements et rapprochements visent donc à faire diminuer les coûts de gestion, et de faire jouer les complémentarités.

La réforme des retraites a-t-elle une incidence sur ce mouvement de concentration ?

Je ne pense pas. Il y a effectivement des discussions sur les retraites au niveau national mais nous n'en connaissons pas l'issue car elles sont justement menées par les partenaires sociaux de la retraite complémentaire, de l'AGIRC et de l'ARRCO. Les institutions de prévoyance n'ont pas de responsabilités sur la question.
En revanche si, de ces reformes, naissait la nécessité de mettre en place des dispositifs nouveaux, dans ce cas, les institutions de prévoyance seraient concernées car elles proposent des dispositifs de retraite supplémentaire. Elles se chargeraient alors de proposer de nouvelles options pour les entreprises et les salariés. Mais pour le moment, il faut attendre, on ne peut pas préjuger de ce qui sera finalement négocié.

Les salariés comptent beaucoup sur les IP pour les complémentaires santé. Cela signifie-t-il que sans complémentaire santé, le fonctionnement du système d'assurance maladie français ne serait pas efficace ?

On ne peut pas dire cela en ces termes. Mais ce que l'on remarque de façon sûre, c'est qu'il y a une évolution de la structure de couverture de la population. Pour ce qui est des affections de longue durée, celle-ci est dynamique. En revanche, il y a un phénomène de déremboursement des affections qui ne sont pas de longue durée. Il y a donc une attente des salariés qui font face à une augmentation du coût des complémentaires. Dans ce cas, oui, les IP ont pour vocation de participer aux efforts de prise en charge complémentaire pour assurer une équité entre les salariés des entreprises en matière d'accès aux soins.

La Sécurité sociale serait-elle défaillante?

Non, la part de financement de la Sécurité sociale en matière d'asurrance maladie se maintien à un même niveau. L'assurance maladie de base continue de prendre en charge 76% des dépenses de soins et de biens médicaux.. Ce qui n'empêche pas qu'il y a une forte attente des salariés sur la prise en charge complémentaire, particlièrement sur des postes comme le dentaire ou l'optique, où l'intervention de la Sécurité sociale reste limitée.

L'activité complémentaire santé des IP prendra-t-elle le pas sur la prévoyance ?

Non, car la prévoyance liée aux risques majeurs comme le décès ou l'arrêt de travail restent les risques qui sont couverts en priorité dans les entreprises. Ce sont des garanties particulièrement protectrices pour les salariés et leurs familles. Elles assurent un certain niveau de revenu en cas de survenance du risque. Aujourd'hui,l'activité des institutions se répartit à parts égales entre prévoyance et complémentaire santé.

Quelles sont les évolutions à venir dans l'activité des IP?

Il y a bien sûr la question des retraites, comme nous l'avons déjà évoquée. Et puis le volet dépendance de nos activités qui pourrait être amené à se développer davantage. Aujourd'hui, ce que l'on constate, c'est que ce sont essentiellement les grandes entreprises ou certaines branches professionnelles qui intègrent ce risque dans leur préoccupation. Ils savent que ce sera un risque à prendre en compte pour les salariés dans les années à venir. L'objectif serait de développer une offre adaptées aux PME.

Et comment va évoluer la place des institutions de prévoyance sur le marché de la prévoyance collective ?

Nous envisageons une évolution raisonnable, pas plus faible que celle que les institutions connaissent aujourd'hui. A l'heure actuelle, les IP représentent sur le marché des contrats collectifs 40% du marché pour la complémentaire santé et 46 % en prévoyance. Il n'y a pas de raison pour que ça ne continue pas comme ça. Je ne vois pas de grandes inquiétudes.
 

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Commentaire 1
à écrit le 16/11/2009 à 16:16
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comme prévu depuis longtemps, les complémentaires ne sont qu'une sécurité sociale bis: elle sont donc partantes pour s'ingérer de plus en plus dans le système de la S.S. et l'orienter de plus en plus vers le privé.

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