"Assurance-crédit ? 60% d'écart d'une prime à l'autre"

Alain Todini, président fondateur de Credixia, courtier en crédits.

Les emprunteurs peuvent-ils choisir librement une assurance-crédit ailleurs que chez l'établissement bancaire distribuant ce prêt ?

Pas vraiment, car les réseaux bancaires ont souscrit auprès de compagnies d'assurances des contrats de groupe qu'ils cherchent à placer auprès de leurs clients. Les taux d'intérêts et les primes dépendent de l'âge, de la santé des clients, mais aussi de leur appartenance à la catégorie des cadres. Les emprunteurs les plus âgés bénéficient évidemment de conditions plus avantageuses. En fait, les conseillers des banques font globalement bien leur travail de conseil, mais préfèrent toujours placer leurs propres services plutôt que ceux de la concurrence.

Cela majore-t-il beaucoup le coût d'un crédit ?

On a pu constater des écarts de 60 % à garanties égales sur le coût d'une prime d'assurance d'un établissement bancaire à un autre. Nous avons pu relever des surcoûts de l'ordre de 10 à 15.000 euros pour un même montant emprunté selon l'âge, la santé ou le statut d'un client

Qui sont ces réseaux qui bloquent cette libéralisation ?

Si le Crédit Foncier ou les Banques Populaires jouent assez bien le jeu du libre choix de l'assurance, il n'en va pas de même chez Barclays ou à la Société Générale. Ces deux réseaux refusent catégoriquement d'informer leurs clients quant à l'existence de cette option. De son côté, BNP Paribas joue assez bien le jeu de la concurrence, bien qu'elle soit liée par ses accords avec sa filiale Cardif. Là encore, tout dépend du profil du client, s'il est jugé 'intéressant' ou pas par la banque. Dans la plupart des enseignes, les pratiques varient beaucoup d'une agence à une autre.

Concrètement comment se manifestent les restrictions à cette liberté de choix ?

Souvent les conseillers n'abordent pas ce point lors des négociations avec leurs clients. Lorsque ces derniers évoquent cette possibilité, ils essaient de les dissuader en invoquant des garanties moindres ou sans options. Ce qui est faux. Ils jouent sur la peur quand ils ne majorent pas de 0,10 % le taux de l'intérêt d'un emprunt assuré par un concurrent. Les banques majorent le prix des primes ou des frais de dossier quand des clients décident de prendre une assurance crédit dans un autre établissement. Mais il existe encore beaucoup de clients effrayés par la perspective de se perdre dans le maquis des offres des quelques 500 courtiers en assurance présents sur ce marché.

Que peut donc changer le projet de loi du gouvernement ?

La future loi encadrera davantage les obligations des banques, ce qui protègera mieux le consommateur. Elle précisera clairement leur obligation d'informer leurs clients de leur droit à choisir librement l'assurance de leur emprunt, de leur préciser le niveau de garantie et les tarifs inclus dans ces contrats maisons

Le projet de loi du Ministère des Finances peut donc doper l'activité des courtiers en assurance-crédit comme Credixia ?

Oui, mais pas seulement. Ce surcroît de concurrence va également doper le pouvoir d'achat des clients en diminuant le coût du crédit. Ce projet va dans le bon sens. On peut simplement regretter que le marché ne soit pas davantage ouvert aux banques, assurances et courtiers européens.            

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