L'investissement socialement responsable est sur la sellette

Par Gaël Vautrin  |   |  478  mots
Deux ans après les prémices de la crise, l'Ifop s'est penché sur le sujet de l'ISR, l' investissement socialement responsable, afin de savoir si le phénomène avait toujours la cote auprès des actionnaires individuels.

La crise financière a-t-elle altéré la perception des actionnaires individuels pour les investissements socialement responsables (ISR) ? Deux ans après les prémices de la crise, l'Ifop s'est penché sur le sujet de l'ISR afin de savoir si le phénomène avait toujours la cote auprès de ces derniers. "La question était de savoir si, après une crise qui a soulevé des interrogations d'ordre moral et mis en évidence les limites d'un système, les actionnaires étaient désormais plus sensibles à l'aspect éthique de leurs placements financiers", résume Jérôme Fourquet, auteur de cette étude réalisée pour La Tribune. Mais la question soulevée revêt un autre intérêt. Celui de savoir à quel point les convictions des actionnaires ont pu résister dans un contexte boursier chamboulé par la crise.

Dans l'ensemble, ce genre d'investissement est dorénavant bien connu. Mieux : la notoriété des différents aspects liés à l'ISR est en progression depuis deux ans selon l'étude. Cela étant, les mots ont leur importance. Ainsi, pour aborder ce thème avec les actionnaires individuels, il vaut mieux évoquer "l'épargne salariale" ou "les fonds éthiques" dont ils ont déjà entendu parler à 71 % et 59 % plutôt que d' "investissement socialement responsable", sémantique familière pour seulement 39 % d'entre eux.

44 % s'en désintéressent

La thématique est donc connue et les actionnaires individuels se montrent même critiques à l'égard des entreprises. Seulement un quart d'entre eux (24 %) estiment que les entreprises sont "mobilisées" sur le sujet du développement durable. En la matière, les banques, non plus, n'ont pas un comportement exemplaire. L'étude fait ressortir que seulement un quart (24 %) des sondés se sont vu proposer par leur établissement des placements ou des fonds labellisés "développement durable". Le pourcentage tombe à 19 % pour ce qui est des placements ou fonds "socialement responsables" ou "éthiques".

Or les investisseurs engagés ne manquent pas. Les adeptes de cette stratégie d'investissement représentent un noyau dure stable de 15 % de l'échantillon. Ceux qui commencent à y réfléchir sont en recul de 10 points par rapport au précédent sondage mais représentent tout de même 41 %. La majorité toutefois (44 %) ne prend pas en compte ces critères. Un phénomène qui s'explique facilement : 34 % des sondés estiment que les placements ISR sont moins performants par rapport aux indices boursiers.

Et pourtant, un simple coup d'?il dans le rétroviseur boursier permet de voir que les "valeurs vertueuses" n'ont pas trop mal résisté à la tempête. L'indice ISR Domini Social Index (regroupant 400 sociétés reconnues comme "socialement responsables" dans le monde) a ainsi perdu sur deux ans un peu moins de 30 %, soit un recul identique à celui de l'indice MSCI World.

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