Les Français se sentent-ils de plus en plus concernés par la bonne santé des petites entreprises locales? Cela semblerait bien être le cas. En effet, d'après le sondage réalisé par OpinionWay pour l'Union des auto-entrepreneurs sur le concept du livret E (compte épargne de proximité qui permet de financer des projets locaux d'entreprise et donne droit à un allègement fiscal sous la forme d'une réduction d'impôts), 89% des personnes interrogées souhaitent favoriser l'entrepreneuriat en France et 88% veulent s'impliquer dans la vie économique locale. "Les gens comprennent que leur emploi de demain ou l'emploi de leur enfant est dans l'entreprise près de chez eux", appuie François Hurel, président de l'Union des auto-entrepreneurs.

Enfin, locale, oui, mais pas trop. Les Français ne sont que 6% à vouloir investir dans les entreprises de leur quartier, contre 39% pour la ville et 34 % pour le département. Et toutes les entreprises ne sont pas bonnes à être aidées, selon les personnes interrogées. Elles préféreraient privilégier les entrepreneurs qui se lancent ou les jeunes, plutôt que les entreprises implantées depuis longtemps dans un quartier ou des entrepreneurs en difficulté. De plus, les épargnants souhaitent largement privilégier, à 66%, les très petites entreprises de moins de 20 salariés, plutôt que les petites ou moyennes entreprises entre 20 et 50 employés. Selon François Hurel, cela s'explique facilement : "il n'y a pas de manque d'argent pour les moyennes et grandes entreprises. En revanche, les petits créateurs rencontrent des problèmes de financement, essentiellement pour leurs premiers investissements."

Dans l'air du temps

Quand on y regarde de plus près, cette volonté de développer la vie économique locale n'est pas aussi nette. Si les Français sont 8% à estimer que le concept du livret E est innovant et dans l'air du temps, ils sont beaucoup moins nombreux quand il s'agit d'être plus concret. Près de 30% se déclarent d'emblée pas intéressés par le livret E. Et quand il est question de placer effectivement de l'argent, 62% hésitent encore. Ils ne sont que 13% à être sûr de leur choix.

Evidemment l'intention est liée au niveau de revenus. Ainsi avec un salaire de plus 42.000 euros par an, ils sont 84% à vouloir éventuellement investir, contre 60% pour un revenu de moins de 18.000 euros. Il faut avouer que le risque n'est pas totalement absent, l'entreprise pouvant faire faillite. Mais "l'épargnant sera remboursé sur les intérêts et des garanties extérieures pourraient être mises en place", tente de rassurer François Hurel.