A Paris, le dispositif « Multiloc » ne fonctionne pas

Le dispositif « Multiloc » de la mairie de Paris qui vise à subventionner les propriétaires afin qu'ils remettent leurs logements vacants sur le marché ne fonctionne pas. Les explications de cet échec divergent.
Mathias Thépot
Comme faire pour remettre des logements vacants sur le marché locatif parisien?

Voilà une innovation financière qui suscitait l'enthousiasme tant chez les professionnels de l'immobilier que du côté des pouvoirs publics... mais qui ne parvient pas (encore) à convaincre. Pour remettre des logements vacants parisiens sur le marché, la mairie, les agents immobiliers et les propriétaires s'étaient en effet entendus en 2015 sur un dispositif incitatif : le dispositif « Multiloc » dont le but est de mettre sur le marché locatif des biens à des loyers de 20 % inférieurs aux loyers de marché, sous conditions de revenus du locataire. La principale innovation de « Multiloc » est de s'appuyer massivement sur le secteur privé. Les agents immobiliers étant chargés de prospecter les futurs logements « Multiloc », ils sont rémunérés par la ville de Paris à hauteur de 1.000 euros pour chaque logement pris en gestion, et 1.200 euros pour les logements vacants depuis plus de 6 mois.

2.000 euros de subventions aux bailleurs

Tout aussi incitatif, les propriétaires-bailleurs qui acceptent de louer leur bien à un loyer modéré se voient également octroyer une prime d'entrée de la mairie de 2.000 euros au moment de la captation du logement. En outre, le dispositif prévoit « la prise en charge du financement de la garantie contre les risques locatifs (impayés, dégradation, frais de contentieux) ; la réalisation des travaux pour un montant maximal de 2.500 euros ; ainsi qu'une une prime spécifique pour la remise en état du logement, d'un montant maximal de 7.500 euros lorsque le logement est vacant depuis plus de 6 mois », était-il expliqué dans la délibération de 2015 du conseil de Paris. La mairie de Paris prend par ailleurs en charge la garantie loyer impayé (GLI) à hauteur de 400 euros maximum par an pendant 3 ans. La Ville subventionne donc dans les grandes largeurs la remise sur le marché des logements vacants (elle en compte entre 30.000 et 100.000 selon les estimations).

Un dispositif qui ne fonctionne pas

Et pourtant, force est de constater que ce dispositif « Multiloc » ne fonctionne pas. Si les chiffres manquent, du côté des agents immobiliers et de la mairie de Paris, on avoue que les objectifs de mises sur le marché locatif de logements sont loin d'être atteints. Pour l'expliquer, chacun avance ses propres arguments. Selon Jean-François Buet, le président de la Fnaim, la principale fédération d'agents immobiliers, les aides déployées par la mairie de Paris sont en fait insuffisantes pour inciter le propriétaire à remettre son logement sur le marché, au regard de la trop grande valeur vénale des logements à Paris. Il estime qu'une baisse de la taxe foncière, mais surtout des incitations fiscales plus importantes au niveau national, auraient plus de chances de convaincre les propriétaires.

Un argument curieux quand on sait d'une part que le dispositif est destiné en priorité aux logement vacants - qui ne rapportent jusqu'ici rien à leur propriétaire, mais aussi au regard de l'engouement de Gilles Ricour de Bourgies, le président de la Fnaim Île-de-France, au moment du lancement du dispositif l'année passée : « Toutes ces aides permettront d'effacer l'effort consenti par les bailleurs pour réduire leur loyer ! », assurait-il. Et de se féliciter du produit « Multiloc » que « les professionnels de la gestion locative sont les seules habilités à distribuer ». Preuve de la confiance des pouvoirs publics dans la profession immobilière.

Les agents immobiliers défaillants?

Mais désormais, ce n'est évidemment plus le même son de cloche dans les couloirs de l'Hôtel de Ville, où l'on regrette que les agents immobiliers aient trop peu fait connaître le dispositif auprès de leurs clients propriétaires. L'adjoint au maire chargé du Logement Ian Brossat table d'ailleurs sur une campagne de communication visant à davantage les sensibiliser. En outre, la mairie de Paris a récemment élargi le dispositif aux chambres de services, des lots indépendants de petite taille situés dans les étages élevés des immeubles parisiens, dont le nombre s'élève à environ 113.000, et dont 85 % sont déclarés vacants, selon l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur). De quoi peut-être faire décoller enfin « Multiloc », un dispositif pourtant incitatif qui tranche avec les expériences passées qui visaient plus à pénaliser financièrement les propriétaires réticents à louer. Et qui ont, du reste, également échoué.

Mathias Thépot

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Commentaires 5
à écrit le 26/12/2016 à 19:13
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Les logements sont déclarés vacants mais peut être qu'ils ne le sont pas vraiment et loués sous le manteau sur les plateformes comme le bon Coin ou Trip Advisor Airbnb etc Moi aussi j'avais trouvé la formule Multiloc géniale mais la Mairie de Paris ...

à écrit le 09/12/2016 à 9:29
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On n'a pas le droit de louer une surface inférieure à 9 M2 ce qui élimine le nombre de chambres potentielles à louer. Il faudrait déjà abolir cette mesure. Comme les prix des logements sont bloqués à Paris à 30 euros le M2 env, un étudiant qui louera...

le 14/12/2016 à 1:32
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Coucou, vous auriez une chambre de 5 mètres carrés à Paris ? Combien le loyer svp ? 800 euros ? Merci, c'est pas cher. Je prend.

à écrit le 09/12/2016 à 5:56
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Quel cliche ! Meme a Marseille ils n'ont pas ce bleu. Quant au clocher en plus, il s'agit de la nouvelle tour imaginee par nouvel de la ville de panam.

à écrit le 08/12/2016 à 20:25
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y aurait-il un clocher supplémentaire derrière le Sacré Choeur?

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