Grand Paris : comment faire baisser le prix du foncier ?

La politique foncière du Grand Paris n'est pas assez cohérente pour faire baisser le prix des terrains.
Mathias Thépot
Vers Paris, le coût du foncier peut atteindre 40% du prix de revient d'une opération de construction de logements

L'ambitieux projet du Grand Paris a pour objectif de doubler la production annuelle de logements au sein de la métropole.

Il ne sera cependant efficace que si les populations peuvent se loger à prix décent dans ces nouvelles habitations. Pour ce faire, élus, collectivités, aménageurs, promoteurs et même bailleurs sociaux devront s'organiser au mieux pour résoudre une équation économique qui se complexifie avec une réduction des dotations de l'Etat aux collectivités qui se monte à 11 milliards d'euros sur la période 2015-2017.

Le prix du foncier:
entre 25 et 40% du prix de revient

Parmi les sujets les plus préoccupants, il y a le prix du foncier, matière première du constructeur de logements, beaucoup trop élevé sur le territoire du Grand Paris.

"Il faut arriver à faire baisser ce coût pour produire davantage de logements. Mais, malheureusement, on n'en prend pas la direction", s'inquiète Hervé Gay, président de la SEM 92.

On dit que le foncier représente, suivant les zones, entre 25% et 40% du prix de revient d'une opération de logements collectifs.

"Le prix du foncier en Ile-de-France a trop augmenté ces dernières années et ne redescend plus", constate Vincent Renard, directeur de recherche au CNRS.

Les élus n'arrivent pas à mener une politique foncière commune

Seul moyen de faire baisser ce coût : que les collectivités posent le problème en amont et s'entendent pour que le foncier soit acquis au plus bas prix. Or, il est quasiment impossible de dégager un consensus politique au sein de la métropole pour mener une politique foncière commune.

"Il ne pourra y avoir de politique foncière efficace sans une autorité politique forte qui créerait une agence foncière de la métropole", insiste Vincent Renard. "Une autorité politique forte est la mère de toutes les batailles", ajoute-t-il.

"Centrigation sociale" et "dictature du parcellaire" pas près de disparaître

Pis encore, la tendance chez les élus est davantage au refus de la densification. "La campagne électorale des municipales de mars 2014 n'a pas du tout été menée sur les thèmes des maires bâtisseurs", remarque Vincent Renard. "La politique foncière n'est pas une priorité pour les candidats élus", ajoute-t-il.

Résultat, on laisse les prix du foncier s'envoler, et s'opérer ce que le chercheur du CNRS appelle "la centrifugation sociale", c'est-à-dire le fait que "les ménages à faibles ressources se retrouvent piégés dans des périphéries de plus en plus lointaines".

La "dictature du parcellaire" règne car les propriétaires de terrains à bâtir sont libres de ne pas vendre leur terrain. "Ils ne paient même pas d'impôt dessus !", remarque Vincent Renard. "Le seul comportement raisonnable, dans ce cas, est celui du bon père de famille qui attend que son terrain prenne de la valeur", ajoute-t-il.

Redonner un vrai pouvoir urbain
au Grand Paris

Les propriétaires, Etat compris, souhaitent en effet valoriser au maximum leur terrain. En outre, la culture de la propriété privée dominante en France incite souvent les juges à prendre fait et cause pour les petits propriétaires lors des procédures d'expropriation.

"Par exemple, le propriétaire d'un logement ancien de 80 mètres carrés obtiendra le plus souvent du juge une somme suffisante pour se loger dans un logement d'une surface similaire ou supérieure au meilleur confort, et donc plus cher", constate Hervé Gay. Ainsi les aménageurs doivent souvent payer le prix fort pour acquérir du foncier.

Toutefois, "si l'on compare aux autres pays européens, l'expropriation marche assez bien en France, les gens l'acceptent relativement bien", remarque Vincent Renard. Les mécanismes de préemption, en revanche, doivent se décider à un échelon territorial supérieur à la commune, pour éviter les politiques clientélistes des maires, explique Vincent aussi Renard. Bref, il est temps de donner à la métropole du Grand Paris un vrai pouvoir urbain.

Mathias Thépot

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Commentaires 21
à écrit le 19/04/2015 à 13:49
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Le BIMBY propose l'inverse : plutôt que de faire remonter les décisions sur le foncier vers de plus hautes sphères, se rapprocher du propriétaire et l'aider à prendre conscience qu'il a un intérêt tout à fait objectif à densifier intelligemment sa pa...

à écrit le 14/04/2015 à 17:49
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Le Paris Haussmannien, que tout le monde aujourd'hui admire (et qui fut si décrié en son temps), ne fut possible que grace à la politique volontariste de Napoléon III qui bulldosa à coups de décrets tous les adversaires du regroupement des communes e...

à écrit le 05/04/2015 à 19:59
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Faire baisser les prix , solution assez simple au demeurant => laissez faire hidalgo et le gouvernement et revotez pour les socialistes aux prochaines présidentielles pour finir de faire partir les riches ... Je vous prédis une multiplication par 2 d...

le 10/04/2015 à 10:54
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Il s'agit de conforter la mairie de Paris : en faisant venir des banlieusards désargentés dans les logements sociaux de la ville de Paris, les prochaines élections sont dans la poche...

à écrit le 03/04/2015 à 23:05
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Pour que les prix baissent à Paris il faudrait tout simplement qu'il y ait moins de personnes qui veuillent y vivre. Le marché de l'offre et de la demande fait qu'il y a énormément de monde prêt à débourser 8000 euros du mètre carré pour s'y installe...

le 05/04/2015 à 7:47
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tu devrais t'acheter une paire de lunettes alors

le 06/04/2015 à 21:01
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@tron: (?)

à écrit le 03/04/2015 à 15:40
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En quoi, et comment, la nouvelle agence foncière du Grand Paris proposée par Vincent Renard règlerait-elle les problèmes que l'établissement public foncier régional (EPFIF) prend déjà à bras le corps? Quelle autorité politique pourrait être plus fort...

à écrit le 03/04/2015 à 8:54
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La solution de mon point de vue serait de refonder les agences locales du Trésor public qui devraient se voir créer une section, la section immobilière, qui serait chargé d'appliquer une taxe sur le patrimoine bati en fonction de la valeur vénale déc...

à écrit le 02/04/2015 à 9:22
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Mme Duflot avait proposé le PLU Intercommunal, salué par les professionnels de l'immobilier comme une vraie avancée pour libérer du foncier en zone urbaine. La rareté organisée du foncier étant une des plaies fondamentales du marché du logement en Fr...

le 02/04/2015 à 10:28
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oui, la seule bonne mesure depuis des années concernant l'immobilier a été retoqué par les parlementaires: d'où le problème d'avoir des députés et sénateurs qui sont également maires.

à écrit le 02/04/2015 à 9:12
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Et pourquoi donc entasser tant de monde à paris ? Il y a de la place ailleurs en France

le 02/04/2015 à 10:26
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oui mais manifestement la majorité préfère vivre à Paris qu'en province

le 02/04/2015 à 13:42
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Manifestement, il y a une trop forte concentration d'emplois à Paris.

à écrit le 02/04/2015 à 5:50
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Considérer le terrain comme tout bien immobilier et l'imposer correctement. Faire le cadastre obligatoire pour tout propriétaire. Dissocier l'impôt sur ces biens de celui sur le revenu.

le 02/04/2015 à 8:48
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@tt : rien compris à votre charabia ! un terrain est un bien immobilier ; la france n est pas la Grèce et possède un cadastre .

à écrit le 01/04/2015 à 22:58
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Interdire la détention de plus de deux biens en region parisienne. Il faut savoir ce qu'on veut: du foncier ou du FN

le 02/04/2015 à 1:11
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J'en ai 12,je vous dois les 11 autres?

à écrit le 01/04/2015 à 19:07
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La photo de Paris utilisée pour illustrer cet article on dirait qu'il s'agit d'une vieille photo d'archive des années 50. En tout cas ce n'est pas la Paris actuelle. C'était voulu ou… ?

à écrit le 01/04/2015 à 18:25
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Cela est presque improbable , vu les investissements de l'étranger et des assurances qui attendent un retour sur cet immobilier .

à écrit le 01/04/2015 à 16:03
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Peut-être qu'en augmentant la pollution à Paris les prix du foncier puissent descendre.…---- :-)

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