Les riches ne donneront que 200 millions d'euros en 2012

Par Isabelle Moreau  |   |  429  mots
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François Fillon a annoncé la création d'une taxe de 3 % sur les revenus du travail et du capital dépassant au total 500.000 euros par an.

Les très riches seront donc taxés. Ils le réclamaient d'ailleurs à cor et à cris, comme en témoignent le récent appel de seize patrons d'entreprises et très grandes fortunes, dont Liliane Bettencourt, publié dans le Nouvel Observateur (

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). Reste que cette taxe tient davantage du symbole que de la mesure forte. François Fillon a en effet indiqué mercredi que le montant de ce prélèvement serait égal à 3 % des revenus du capital et du travail dépassant le seuil de 500.000 euros par an. La mesure, qui s'appliquera aux revenus perçus en 2011 génèrera une recette de... 200 millions d'euros en 2012. Ce qui est extraordinairement peu au regard des économies à réaliser.

Le Premier ministre a également confirmé la nature exceptionnelle de cette taxe. « Il s'agit d'une taxation exceptionnelle dont nous fixons la durée à l'objectif d'atteinte de 3 % du déficit. Dès que nous aurons atteint cet objectif cette mesure sera supprimée », a dit le Premier ministre. Cet objectif est visé en 2013 si l'on tient compte des prévisions budgétaires annoncées par Matignon.

Au final, la taxe devrait donc être appliquée deux ans. C'est moins que les trois années proposées par Maurice Lévy, président de l'Afep (Association française des entreprises privées), qui le premier en France avait plaidé pour une participation des très fortunés à l'effort de réduction du déficit public.

Si la mesure est globalement saluée par les syndicats, elle est vivement critiquée à gauche. Par François Hollande, tout d'abord. Mercredi, lors d'une conférence de presse organisée à l'issue d'une rencontre de travail avec plusieurs experts économiques proches du PS (Philippe Aghion, Elie Cohen, Michel Sapin, Jean-Pierre Jouyet...), le candidat à la primaire socialiste récusait l'idée d'une taxation exceptionnelle « à dose homéopathique » et prônait une taxation pérenne des riches. « Il ne faut pas faire payer les riches parce qu'on est dans la crise », souligne-t-il, il faut une réforme fiscale, répondant à un « principe de justice, de cohésion sociale, un impératif moral ». Benoît Hamon est aussi allé de sa critique : « Le vrai bilan de ce gouvernement, c'est 0 % de croissance et 4 millions de chômeurs. Et parmi les mesures qu'il propose, la taxe sur les hauts revenus est emblématique de son cynisme puisqu'elle ne rapportera à l'Etat que 200 millions d'euros en 2012, quand le chèque fait aux plus riches avec la réforme de l'impôt sur la fortune est de 1,8 milliard d'euros », a poursuivi porte-parole du PS.