Fiac : l'art contemporain résiste à la crise

Alors que l'économie mondiale est chahutée et la Bourse est en plein désaroi, l'art contemporain semble hermétique à crise, apparaissant même comme une valeur refuge quand il ne s'agit que de spéculation. Les étiquettes s'envolent. Notamment à la Fiac, vitrine parisienne - et internationale - de cet engouement.
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Autour de 5 millions d'euros: c'est le prix de "New York en peinturama", huile de Martial Raysse, l'artiste français vivant à la cote la plus chère en salle des ventes. Un peu plus de 2 millions d'euros pour un amas de poissons plantés dans la résine par l'artiste britannique Damien Hirst. Au dessus du million d'euros pour une installation de néons tricolores éditée en trois exemplaires signée par l'artiste minimaliste américain Dan Flavin.

A la Fiac, édition 2011, qui se tient du 20 au 30 octobre à Paris, les prix, quand ils sont annoncés (et négociables) prennent de la hauteur. Longtemps quelque peu délaissée, cette manifestation artistique est (re)devenue incontournable depuis quelques années, au point de détroner sa rivale londonnienne la foire Frieze dans l'esprit, versatile, des amateurs d'art contemporain. Avec 168 galeries exposantes, l'immense majorité installée sous les verrières glacées du Grand Palais et quelques unes réparties dans les jardins des Tuileries et des Plantes, cette 38ème édition de la Fiac entend surfer sur la vague porteuse de l'art d'aujourd'hui.

A commencer par les organisateurs : l'an passé, près de 80.000 personnes avaient déboursé 28 euros de droit d'entrée, cette année ce sera 32 euros : prohibitif !!! Un tiers seulement des exposants est français, mais on trouve vingt-six marchands américains, vingt-et-un allemands, treize italiens, etc ..., preuve de l'intérêt mondial pour cette foire qui occasionne, parallèlement dans d'autres lieux de la capitale, des salons, des ventes, des enchères, des expositions, des performances et des projections de films d'art contemporain.

Corrélé aux cours de la Bourse, le marché de l'art semble s'en être un peu détaché depuis la crise de 2008 : les prix restent élevés et quelques enchères continuent de battre les records. Pour Artprice.com, le chiffre d'affaires mondial de l'art contemporain était de 92 millions d'euros en 2000. Pour les seuls six premiers mois de l'année 2011, il atteint 500 millions d'euros.

Si certains estiment qu'il s'agit là d'une nouvelle valeur refuge, d'autres évoquent un retour de la spéculation. Reste que cette envolée tarifaire a ses limites : désormais, seules les oeuvres, plus traditionnelles que dérangeantes, les plus représentatives des artistes les plus reconnus obtiennent des prix soutenus. L'art contemporain - qui concerne les artistes nés après 1945 - a connu après sept années de folles euphories une chute spectaculaire des prix. On est passé de 85% de hausse moyenne (avec un nombre d'enchères millionnaires d'oeuvres contemporaines en progression de 620% selon Artprice) entre 2001 et 2007 à un recul de 27% en 2008 .

En six mois, entre septembre 2008 et mars 2009, le S&P 500 perdait 45% quand l'indice Artprice ne cédait "que" 34% . Depuis ce dernier a repris 40% soutenu
par un marché asiatique revigoré et quelques vacations de prestige : à Londres, un "Combustione Legnon" d'Alberto Burri a été adjugé 3,17 millions d'euros, ou un tableau "Kerzle"de Gerhard Richter a trouvé preneur à 11,93 millions d' euros, alors qu'à Hong Kong, un paysage abstrait de Zao Wou Ki partait à 8,5 millions d'euros et à Pékin un "Marriage n°3" de Fanzhi Zeng trouvait enchérisseur à 3,7 millions d'euros.

Mais attention : ces ventes enregistrent 20% d'invendus, preuve de la sélectivité des acheteurs. C'est encore plus vrai pour les oeuvres de moins de 100.000 euros, qui représentent tout de même 95% du marché. Si l'édition 2011 de la FIAC met en valeur quelques peintres modernes, Arp, Hantaï, Man Ray, Mirô, ce sont surtout les artistes contemporains qui permettent la découverte artistique, par exemple, John Bok, James Lee Byars, Kelley Walker, Wilhelm Schurman, Rita Mc Bride, Mimo Jodice, Deimantas Narkevicius ou Anri Sala. Et quelques Français encore peu connus du grand public mais appréciés par les connaisseurs : Jules Balincourt, l'artiste tricolore le plus performant en salle des ventes en 2010 qui n'a pourtant jamais vendu en France, le tagueur Mr Brainswash, le sculpteur Kader Attia, tous plus recherchés hors des frontières que dans leur pays.

Reste un problème, de taille : jusqu'alors présente dans la Cour carrée du Louvre avec les galeristes les plus innovants, celle-ci fermée pour travaux, la Fiac perd ainsi 1.000 m2. Même si elle récupère les étages du Grand Palais et les Jardins des Plantes, même si les stands ont été réduits et la sélection plus rigoureuse, certains marchands, et non des moindres, se plaignent du manque à exposer et si quelques uns créent leurs propres évènements dans leurs galeries, d'autres sont déjà inquiets de ne pas être présents l'an prochain; et de prévoir un perte de prestige pour cette manifestation parisienne hors norme en 2012.


Du 20 au 23 octobre 2011 au Grand Palais, au Jardin des Tuileries et au Jardin des Plantes, Paris. Entrée : 32 euros

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Commentaire 1
à écrit le 19/11/2011 à 7:46
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De face, on a l'impression que l'artiste s'est inspiré de Chirac.

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