Luc Chatel veut faire entrer la culture de la performance dans l'Education

Par Clarisse Jay  |   |  443  mots
DR
Le ministre de l'Education nationale a annoncé mardi l'instauration d'une prime de résultat pour les chefs d'établissement. Une initiative qui fait polémique.

Après les recteurs, les chefs d'établissements. Le ministre de l'Education nationale a annoncé mardi sur France Info que les principaux de collèges et lycées pourront se voir verser une prime variable en fonction de leurs résultats. Accordée tous les trois ans, cette prime pourra atteindre 6.000 euros, la moyenne étant de 2.000 euros Luc Chatel a conclut dans cette optique un accord avec les principaux syndicats de chefs d'établissement. "Le gouvernement a décidé de développer une rémunération variable liée aux performances de nos cadres, comme cela existe dans l'immense majorité" des entreprises de notre pays, a ainsi déclaré Luc Chatel.

Par "performances", le ministre entend par exemple les "résultats scolaires par rapport aux prévisions qui ont été faites" ou "la capacité d'intégrer des élèves en difficulté". Pour lui, il s'agit de "valoriser l'engagement personnel des acteurs de l'Education nationale" et de mener une "politique plus audacieuse".

Asservissement

Mais cette "audace" n'est pas sans provoquer un tollé au sein de la communauté éducative, échaudée par les suppressions de postes (65.000 de 2007 à 2011), la possibilité donné aux chefs d'établissement de certains établissements de recruter eux-mêmes les enseignants sur des postes à profil (programme CLAIR) et la prime au mérite (jusqu'à 6.840 euros) que vont recevoir pour la première fois les recteurs, chargés désormais de décider de la répartition des suppressions de postes dans leur académie (La Tribune du 23 décembre 2010). Les syndicats d'enseignants pointent notamment le risque d'une dégradation des relations entre chefs d'établissements et équipes pédagogiques et d'un asservissement des personnels de direction.

Ces derniers minimisent ces reproches. "Cette proposition, dont il reste à fixer les modalités d'applications, interviennent dan le cadre des négociations annuelles avec le ministère", précise Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat de chefs d'établissements, le SNPDEN-Unsa, qui rappelle que cette nouvelle prime de fonction et de résultats (PFR), concerne toute la Fonction publique. La PFR a vocation à terme à remplacer progressivement toutes les indemnités versées dans les différentes administrations de l'Etat.

Une publicité "démesurée"

Jusqu'alors, les personnels de direction recevaient une prime fixe quelle que soit leur évaluation. Philippe Tournier estime donc "démesurée", la publicité faite autour de cette annonce. Plus grave est selon lui la non application, sur le terrain, de la réforme du lycée, faute de postes suffisants. Il n'empêche, l'introduction de pratiques et d'un vocabulaire proche de ce qui se pratique dans les entreprises commence à inquiéter le trouble au sein de la Maison Education.