Le baril de brut vaut un tiers de plus en Europe qu'à New York

Par Aline Robert  |   |  376  mots
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La divergence entre WTI et Brent ne cesse d'interloquer.

Mieux vaut acheter son pétrole aux États-Unis par les temps qui courent : il vous en coûtera 86 dollars pour 159 litres de brut. En Europe, le prix est supérieur de 32 %, soit 114,75 dollars pour le Brent de la mer du Nord, dont la qualité est proche du West Texas Intermediate (WTI). La différence de prix entre les deux types de baril s'est accentuée pour atteindre un nouveau record, soit 27 dollars de différence, mardi ! Un écart qui surprend les experts les plus chevronnés sur le pétrole. Dès la fin juillet, Amrita Sen chez Barclays conseillait d'éviter de parier sur cette divergence. Selon la théorie économique, les écarts de prix entre deux marchandises équivalentes doivent être rapidement lissés par l'existence de marchés financiers qui facilitent l'allocation optimale des ressources. En l'occurrence, les acheteurs de pétrole brut devraient davantage se fournir aux États-Unis plutôt que de subir un surcoût en Europe - d'autant que les coûts du fret pétrolier, particulièrement faibles, rendent l'opération tout à fait rentable. « Mais comme chacun anticipe que les prix se rapprochent rapidement, rares sont les acheteurs qui traversent l'Atlantique, d'autant que le ralentissement du rythme de croisière des navires avec la crise du fret impose des délais importants », avance un spécialiste genevois du fret pétrolier.

Pétrole libyen

La situation déliquescente du pétrole libyen semble jouer un rôle dans cette aberration de marché. Les 1,4 million de barils de pétrole autrefois exportés par la Libye manquent en effet cruellement au marché européen du pétrole, aujourd'hui sous tension. « Le seul jour où l'écart de prix s'est vraiment réduit, c'est lorsque les rebelles ont pris Tripoli. Depuis, on s'est aperçu que les livraisons n'allaient pas reprendre rapidement », assure un trader, qui, de dépit, a interrompu ses paris sur une réduction de l'écart de prix. En attendant, ce dysfonctionnement commence à peser sérieusement sur les consommateurs de brent. Ainsi, aux États-Unis, Sunoco a mis en vente deux raffineries de la côte Est, qui utilisent pour moitié du pétrole nigerian, dont le prix est indexé au brent et subissent aujourd'hui des marges négatives.