Maurice Levy n'est plus d'accord pour taxer les riches

Par latribune.fr  |   |  426  mots
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On s'en souvient, le patron de Publicis avait lancé cet été un vibrant appel à taxer les riches, dans le sillage de Warren Buffet aux Etats-Unis. Dans un tribune publiée sur le site français du Huffington Post, il semble avoir changé d'avis.

Rappelez vous, c'était il y a à peine un an. Sans doute galvanisés par la chaleur de l'été, plusieurs milliardaires emmenés par Maurice Levy s'étaient lâchés : "faites payer les riches" avaient-ils déclaré dans une tribune publié dans le Monde. Aujourd'hui, c'est dans le Huffington Post, une plus discrète filiale du prestigieux quotidien, que le président de Publicis signe un texte beaucoup moins enthousiaste, notamment suite aux propositions de François Hollande, jamais nommément cité.

"Lorsqu'au cours de l'été dernier, j'ai publiquement appelé à un effort des plus riches, c'était clairement dans une logique de cohésion sociale", écrit-il. Mais à quelque jours de l'élection présidentielle, l'ambiance est différente : "Qu'entend-on à l'occasion de cette élection présidentielle si ce n'est d'augmenter les prélèvements ?". Dure principe de réalité... "La proposition de taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 million d'euros est parfaitement négative pour la compétitivité", s'inquiète le chef d'entreprise. Selon lui, cette propositionserait "porteuse de risques majeurs pour notre économie". Au terme d'un rigoureux calcul, Maurice Levy démontre "qu'avec un taux de 75 %, plus la CSG/CRDS, plus l'impôt sur la fortune, on dépasserait les 100 % d'imposition en France"... Au cas où la démonstration n'aurait pas convaincu, il appelle Abraham Lincoln à la rescousse qui, faut-il le rappeler, expliquait qu'"on ne peut créer la prospérité en décourageant l'épargne".

Mais le pire aux yeux de Maurice Levy est sans doute qu'une fiscalité aussi "confiscatoire" ne peut que décourager la France des entrepreneurs et de tous ceux qui "prennent des risques". "Les start-up françaises seront créées par des Français, mais probablement pas en France". La taxation des hauts revenus ferait donc fuir les créateurs d'entreprise à l'étranger. "L'International Herald Tribune titrait il y a quelques jours en manchette sur l'exil des jeunes Français talentueux vers Hong-Kong. Ce n'est pas tant l'exil des riches que je redoute, c'est le départ des talents français porteurs d'avenir".

La conclusion de la démonstration est désormais limpide et sans appel : cette fiscalité confiscatoire pour les riches va priver "le pays des richesses collectives nécessaires au maintien durable de notre modèle social et à la redynamisation de notre appareil économique". CQFD.

On ne pourra pas dire que la campagne présidentielle se sera déroulée sans débat de fond.

Pour lire le texte intégral de la tribune de Maurice Levy, rendez-vous le site du Huffington Post en cliquant ici.