En pleurs, le trader d'UBS ne s'estime pas malhonnête

Par Tristan de Bourbon à Londres  |   |  568  mots
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Kweku Adoboli, 32 ans, a pleuré à plusieurs reprises au cours du premier jour de son procès. S'il admet tous les faits, il réfute avoir été malhonnête, précisant que la banque était parfaitement au courant de ses agissements.

« Il est difficile de décrire ce que je ressentais pour elle, ce n?était pas seulement une banque, je la considérais comme ma famille, vu la manière dont j?ai longtemps négligé mes amis et mes proches (..) Alors me retrouver à la prison de Wandsworth parce que tout ce que l?on a fait est d?avoir travailler dur pour cette banque... » Pour la quatrième fois de la matinée, l?ancien trader d?UBS Kweku Adoboli pleure à son pupitre. La main sur son visage, il n?arrive plus à articuler.

Son procès, entamé le 14 septembre soit un an jour pour jour après son arrestation, a pris une tournure dramatique vendredi matin avec le début de son témoignage. Lors de ces treize derniers mois, l?accusé n?avait jamais pu exposer son point de vue. Et, clairement, il n?entend pas subir le même sort que le trader français de la Société Générale Jérôme Kerviel, dont la condamnation à cinq ans de prison, dont trois ans fermes, et au remboursement de 4,9 milliards d?euros a été confirmée mercredi en appel.

l'Etat britannique partie civile

Deux éléments majeurs différencient les deux affaires. Tout d?abord, l?Etat britannique s?est porté partie civile dans le procès londonien alors que la Société Générale avait poursuivi son ancien employé en justice. UBS est jusqu?à présent demeurée silencieuse car la loi l?interdit de commenter le dossier avant l?énoncé du verdict. Ses avocats sont pourtant présents tous les jours au procès. Ensuite, l?affaire ne sera pas décidée par un juge mais par un jury composé de six femmes et quatre hommes. Ils devront déterminer si Kweku Adoboli est coupable de fraudes, abus de position et faux en écriture. Si tel était le cas, le juge sera ensuite chargé de déterminer la sentence, qui peut s?élever jusqu?à dix ans de prison.

Afin de ne pas en arriver là, l?ancien trader a clairement précisé qu?il ne considérait pas son propre comportement « malhonnête ». Cette notion est capitale car si les jurés concluent comme lui, il sera innocenté, la perte de 2,3 milliards de dollars pouvant être considérée comme une erreur. « Mon objectif a toujours été de faire gagner de l?argent à la banque, en aucun cas d?être récompensé en bonus puisque les bénéfices que j?ai effectué sur ce compte étaient cachés. » Ils étaient ensuite officialisés petit à petit afin de couvrir les pertes des opérations officielles.

D'autres bureaux font la même chose

Par ailleurs, Kweku Adoboli, qui réside actuellement chez sa petite amie, présente au procès avec son père, plusieurs membres de sa famille et des amis proches, a assuré que son procédé était connu dans la banque. « Les quatre membres de mon bureau étaient au courant depuis le 16 février 2011, » a-t-il insisté. « Ils savaient que d?autres bureaux comme le nôtre faisaient aussi des profits en dehors des comptes officiels. Et aucun de tous ces hauts responsables de la banque à qui j?en ai parlé ne m?a dit : ce n?est pas bien Kweku, arrête, c?est malhonnête. » Son témoignage se poursuivra au moins jusqu?à mardi après-midi.