Pour le président de l'Eurogroupe, le plan bancaire pour Chypre pourrait se reproduire

Par latribune.fr  |   |  523  mots
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Copyright Reuters
Le plan de sauvetage élaboré pour Chypre représente un nouveau cadre de résolution des difficultés bancaires de la zone euro et d'autres pays pourraient devoir restructurer leur secteur bancaire, a prévenu lundi Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe.

Il s?agit bien de créer un précédent. "Ce que nous avons fait la nuit dernière, c'est ce que j'appelle repousser les risques." Dans une interview à Reuters et au Financial Times, le président de l?Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem a estimé que le plan bancaire pour Chypre créait un nouveau cadre de résolution des difficultés bancaires au sein de la zone euro. Selon lui, d?autres pays pourraient avoir besoin de restructurer leur système bancaire.

"S'il y a un risque dans une banque, notre première question devrait être d'accord, qu'allez-vous faire, vous, dans la banque ? Que pouvez-vous faire pour vous recapitaliser vous-mêmes ?", a-t-il ajouté. "Si la banque ne peut pas le faire elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, (nous le demanderons) aux détenteurs de dépôts non garantis."

L'accord conclu pour Chypre s'apparente en effet à un "bail-in", c'est-à-dire un renflouement par les actionnaires et les créanciers et non par une aide extérieure (bail out).

Faire porter le risque sur le secteur financier

"Enlever le risque du secteur financier et le reporter sur les épaules du public n'est pas la bonne approche", a-t-il également déclaré, selon les propos rapportés par le Financial Times. "Si nous voulons avoir un secteur financier sain, le seul moyen est de dire: 'si vous prenez des risques, vous devez les assumer, et si vous ne pouvez pas le faire, vous n'auriez pas dû les prendre', et la conséquence peut être que c'est la fin de l'histoire".

Dans le cas du sauvetage de l'Irlande, un pays plombé lui aussi par son secteur bancaire, l'intégralité du fardeau avait été mis sur le contribuable, les créanciers privés ayant été épargnés.

Reduction du poids du secteur bancaire

Prié de dire si la nouvelle approche valait pour d'autres pays de la zone euro où le secteur bancaire est très important, comme Luxembourg ou Malte, ou d'autres pays où les banques sont en difficulté comme la Slovénie, Jeroen Dijsselbloem a estimé que ces pays devaient envisager une réduction du poids de leur secteur bancaire.

"Cela signifie : occupez-vous-en avant d'avoir des problèmes. Renforcez vos banques, consolidez vos bilans et prenez conscience du fait que si une banque est en difficulté, la réponse ne sera plus automatiquement que nous viendrons résoudre votre problème ; nous les repousserons. C'est la première réponse dont nous avons besoin : les repousser. C'est à vous de les résoudre."

"Un cas spécifique"

Après les réactions négatives - notamment sur les marchés - à la suite de ses propos, le président de l'Eurogroupe a tenté de rectifier en tir en publiant un communiqué précisant que "Chypre est un cas spécifique". "Les programmes d'ajustement macroéconomiques sont réalisé à la mesure de la situation du pays concerné et aucun modèle n'est utilisé."

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