Les quatre journalistes ex-otages en Syrie retrouvent leurs familles

Par latribune.fr  |   |  823  mots
Après dix mois de captivité en Syrie aux mains d'un groupe islamiste, les quatre journalistes français ont enfin pu embrasser leur famille dimanche matin à l'aéroport de Villacoublay, où les attendait aussi le président François Hollande.

Amaigris mais souriants, les visages débarrassés de leurs barbes, ils sont arrivés en hélicoptère, un Super Puma de l'armée de l'air, en provenance de la base normande d'Evreux où leur avion venu de Turquie s'était posé plus tôt dans la matinée.

Faisant fi du protocole prévu à l'aéroport, les quatre hommes ont embrassé sur le tarmac le président, accompagné du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, avant de se jeter dans les bras de leurs familles. Nicolas Hénin a serré dans ses bras ses deux petites filles et sa femme.

«?Ces quatre-là sont de retour?». C'est ainsi que le chef de l'Etat a salué l'arrivée des quatre ex-otages français. Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres ont atterri dimanche peu avant 9 heures à l'aéroport militaire de Villacoublay, où ils étaient attendus par leurs familles et leurs collègues. «?C'est un jour de grande joie pour eux-mêmes et leurs familles, et c'est un jour de joie pour la France, fière d'avoir des compatriotes de cette valeur?», a lancé François Hollande, qui a également remercié les «?autorité turques qui ont [rapidement] permis leur retour?». "La France est fière d'avoir des compatriotes de cette valeur, qui puissent servir la liberté de la presse et la France est fière d'avoir pu obtenir qu'ils soient aujourd'hui libres", mais "il y a encore des otages en Syrie, retenus parce qu'ils sont journalistes".

"Ca a été long, mais on n'a jamais douté", a déclaré le grand reporter d'Europe 1 Didier François, seul ex-otage à s'exprimer devant le micro.

"De temps en temps, on avait des bribes, on savait que tout le monde était mobilisé... On a vraiment cette chance d'être Français", a-t-il ajouté, lors d'une brève déclaration, interrompue par un sanglot.

Les quatre hommes et leurs proches ont ensuite gagné le salon d'honneur, à l'abri de la presse. Selon un témoin, ces retrouvailles, en présence du président, se sont déroulées "dans une atmosphère très joyeuse, toutes générations confondues".

Sur son antenne Europe 1, Didier François a quand même évoqué des conditions de détention "rudes". "Sur les dix mois et demi", les quatre otages français sont "restés dix mois complets dans des sous sol sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchainés les uns aux autres", a-t-il dit sans donner d'autres détails: "il faut réfléchir avant de dire n'importe quoi"', a-t-il souligné.

Réticent à entrer dans trop de détails, le reporter aguerri, doyen du groupe à 53 ans, a précisé: "Dans un pays en guerre, ce n'est pas toujours simple, que ce soit la nourriture, l'eau, l'électricité, parfois c'était un petit peu bousculé, les combats étaient proches, il est arrivé qu'on soit déplaces très rapidement dans des conditions un peu abracadabrantes".

Dix lieux de captivité

Très ému, ses enfants dans les bras, Nicolas Hénin a expliqué à la presse que les otages avaient été "plongés dans le chaos syrien avec tout ce que ça veut dire". A-t-il été bien traité? "Pas toujours", répond-il d'une voix étranglée. "Ca n'a pas toujours été facile".

Nicolas Hénin avait évoqué samedi une brève tentative d'évasion. Il avait couru toute une nuit dans la campagne syrienne avant d'être repris par ses ravisseurs. "En tout, a-t-il dit, je suis passé par une dizaine de lieux de captivité (...). La plupart du temps, avec d'autres personnes, notamment Pierre Torrès qui m'a rejoint assez vite. Cela a été une longue errance de lieux de détention en lieux de détention".

Peu de détails ont filtré sur les conditions de la libération des quatre hommes. "L'Etat ne paie pas de rançon. C'est un principe très important pour que les preneurs d'otages ne puissent être tentés d'en ravir d'autres", a réaffirmé dimanche François Hollande sur Europe 1.

"Tout est fait par des négociations, des discussions. Je ne veux pas être plus précis", a-t-il dit, "car nous avons encore deux otages" au Sahel. Mais la veille, Alain Marsaud, député UMP des Français de l'étranger, avait estimé que "si ce n'est pas nous qui payons, c'est d'autres qui payent à la place (...) Nos amis, soit qataris soit des Emirats arabes unis, ont dû faire un geste. Est-ce que ce geste c'est de l'argent, est-ce que ce geste ce sont des armes? Nous le saurons peut-être un jour, peut-être qu'on ne le saura jamais."

Didier François, 53 ans, grand reporter à Europe 1, et le photographe Edouard Elias, 23 ans, avaient été enlevés au nord d'Alep le 6 juin 2013. Le 22 juin, c'était au tour de Nicolas Hénin, 37 ans, reporter à l'hebdomadaire Le Point, et Pierre Torrès, 29 ans, photographe indépendant, à Raqqa.

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