Rémunération des dirigeants : pression du pouvoir, concession de Laurence Parisot

Par latribune.fr  |   |  554  mots
L'Elysée et le gouvernement brandissent plus que jamais la menace d'un décret (plutôt que d'une loi) sur la rémunération des patrons. Le Medef affiche sa volonté de ne pas céder à leur ultimatum mais fait ce jeudi une concession sur les obligations pour les entreprises aidées par l'Etat . Une réunion de crise a eu lieu mercredi soir autour du Président de la République.

On pensait que la grande organisation patronale française, le Medef, était rentrée dans le rang sur le sujet de la rémunération des patrons et qu'elle allait répondre à la demande de Nicolas Sarkozy de propositions dans les prochains jours. Une demande qualifiée même ce mercredi d'"ultimatum" par le conseiller et la plume du Président de la République, Henri Guaino qui avait fixé la date butoir : le 31 mars.

Et pourtant, la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui intervenait devant les députés de la Commission des lois mercredi, a répété ses mots qui avaient provoqué déjà il y a quelques jours la colère du gouvernement  : selon elle, le Medef n'a "ni le pouvoir ni le désir d'imposer" des règles en matière de rémunération des dirigeants à toutes les entreprises de France. "Nous ne sommes pas un ordre professionnel, nos adhérents doivent garder toute la liberté dans leur management".

Réponse quasi immédiate du secrétaire d'Etat à l'industrie et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel : "s'il n'y pas d'avancées significatives" et "à défaut de réponses claires et précises des organisations patronales, le gouvernement légifèrera. On ne va pas attendre six mois".

Le gouvernement avait déjà menacé d'une loi sur le sujet, faute de propositions concrètes des partenaires sociaux. Mais mardi soir, dans son discours à Saint-Quentin, le Chef de l'Etat, tout en fustigant les excès dans les rémunérations des dirigeants en ces temps de crise et de plans sociaux, n'avait pas repris cette idée de légiférer. Ce mercredi, devant les parlementaires UMP, il a toutefois haussé le ton : "si le Medef n'y va pas, on ira par la loi".

Mercredi soir, une réunion a eu lieu à l'Elysée sur le sujet. Selon un parlementaire impliqué, la Présidence de la République voudrait trancher d'ici à mardi et envisagerait la voie réglementaire via un décret ou plusieurs décrets afin de pouvoir avancer rapidement - une loi prendrait beaucoup plus de temps car elle nécessiterait de passer devant le Parlement dont le programme est déjà très chargé - si le patronat ne fait pas de propositions concrètes.

Le ministre chargé de la Relance Patrick Devedjian l'a confirmé ce jeudi matin sur RTL, estimant que si les dirigeants d'entreprises ayant reçu une aide de l'Etat refusaient de limiter leur rémunération, il faudrait "prendre des mesures réglementaires ou législatives".

Ce jeudi, Laurence Parisot modifie à nouveau un peu son discours. Dans une lettre du Medef et de l'Afep adressée aux Ministres de l'Economie et du Travail, citée par l'Agence France Presse (AFP) elle écrit avec Jean-Martin Folz, le président de l'Afep (et ex patron de PSA Peugeot Citroën) : "il est tout à fait compréhensible qu'une entreprise recevant une aide publique spécifique ait en contrepartie des obligations définies dans un cadre bilatéral avec les institutions qui la soutiennent".

Reste à savoir ce qu'on entend par une "aide publique spécifique". Dans son discours de Saint Quentin, Nicolas Sarkozy soulignait que recourir à du chômage partiel équivalait aussi à utiliser des fonds publics puisque l'Etat finance une quote part de ces mesures sociales.