Le gouvernement tente de calmer les agriculteurs

Par source AFP  |   |  552  mots
Michel Barnier et Luc Chatel reçoivent ce week-end les agriculteurs en colère, notamment en raison des prix du lait, qui bloquent les plates-formes d'approvisionnement de la grande distribution.

Les agriculteurs, qui bloquent depuis jeudi soir plus de la moitié des plates-formes d'approvisionnement des grandes surfaces pour dénoncer leurs marges, vont être reçus samedi matin par les ministres Michel Barnier et Luc Chatel, dans l'espoir de trouver une issue au conflit.
La rencontre se tiendra à Bercy à 10H00 en présence des présidents de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), à l'origine de la mobilisation, et des Jeunes agriculteurs (JA, proches de la FNSEA), ont précisé le ministre de l'Agriculture et le secrétaire d'Etat à l'Industrie et la Consommation dans un communiqué.
Les discussions porteront notamment "sur la transparence dans la formation des prix alimentaires et sur les conditions d'application de la loi de modernisation de l'économie (LME) en matière de relations commerciales".
Après cette annonce, les agriculteurs du Puy-de-Dôme et de l'Allier ont décidé de lever leur blocage, estimant avoir "réussi à attirer l'attention des gens sur le problème des marges avec la grande distribution".
Déterminés à obtenir gain de cause, la plupart maintenaient toutefois la pression sur le terrain vendredi en milieu d'après-midi, avec 7.000 agriculteurs mobilisés sur 41 plates-formes de distribution sur tout le territoire, à l'exception de l'Ile-de-France et du Nord-Pas-de-Calais.
Prévu pour durer 48 heures, le mouvement a débuté officiellement jeudi soir, mais a en fait commencé depuis plusieurs jours dans le Grand Ouest à l'initiative d'éleveurs en colère contre le récent accord sur le prix du lait , jugé très insuffisant.
Le principal syndicat agricole, qui a interpellé dans une lettre députés et sénateurs, réclame la création d'un "dispositif d'encadrement des marges" des grandes surfaces, déplorant les effets pervers de la LME.
Ce texte, adopté il y a près d'un an, "a conféré à la distribution un pouvoir de négociation encore plus grand qui, aujourd'hui, se répercute lourdement sur les équilibres économiques de leurs fournisseurs et par là même sur ceux des producteurs", déplore le syndicat, qui estime également que l'Observatoire des marges, mis en place en décembre 2008, "ne fonctionne pas".
La FNSEA attend par conséquent "des engagements réels (...) de la part des transformateurs privés et coopératifs ainsi que des patrons des enseignes de la grande distribution".
Egalement critique vis-à-vis de la LME, l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) n'en a pas moins dénoncé ce blocage, estimant que "mettre à mal le moteur de la croissance qu'est la consommation ne peut qu'aggraver la situation pour tout le monde".
Certains supermarchés connaissaient déjà des difficultés d'approvisionnement vendredi. "On n'est pas livré depuis mercredi, les rayons commencent à être bien vides, pour tout ce qui est produits frais, crémerie, yaourts, charcuterie", a expliqué l'employée d'un Intermarché de Clermont-Ferrand.
"Les consommateurs peuvent s'attendre à des difficultés", a confirmé à l'AFP un porte-parole de Système U: "la grande distribution repose sur le flux tendu, donc nos magasins n'ont pas de réserves. Cela veut dire qu'en cas de blocage, à très court terme, les magasins se retrouvent en rupture" de stock sur certains produits, notamment dans l'épicerie.
Si tous ne sont pas encore affectés, beaucoup de gérants disent craindre des ruptures de stocks lundi en cas de poursuite du mouvement.