Taxe carbone : crainte d'une perte de pouvoir d'achat supplémentaire pour les ménages

Par latribune.fr  |   |  487  mots
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
La taxe carbone - au centre d'une conférence d'experts à Paris les 2 et 3 juillet - suscite la crainte que les consommateurs paient plus cher leur énergie, sans que cela ne change pour autant les comportements.

La Conférence des experts sur la contribution climat-énergie (CCE) ou "taxe carbone" rassemble pendant deux jours à Paris, sous la présidence de l'ancien Premier ministre Michel Rocard, économistes, industriels, syndicalistes, et représentants des ONG.

Cette taxe, qui vise à taxer les consommations d'énergie fossile (pétrole, gaz, charbon) afin de changer les comportements et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, fait déjà beaucoup de bruit. Il ne faut pas qu'elle "retombe sur les consommateurs", a demandé ce jeudi sur France Inter Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière.

"Sur toute une série d'éléments, que ce soit en matière d'impôts, de cotisations sociales, la part des entreprises depuis vingt ans a chuté, ce sont les ménages qui payent plus", a-t-il relevé.

"Trouver des compensations"

La taxe ne "portera pas atteinte au pouvoir d'achat", a assuré la secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, Chantal Jouanno. "Elle est faite pour changer la société et ne se fera pas contre les personnes."

"On trouvera des compensations", a également déclaré sur BFM radio la secrétaire d'Etat, qui a rappelé la double "exigence" du président de la république : pas d'atteinte au pouvoir d'achat et pas d'augmentation des prélèvements obligatoires.

Pour UFC-Que choisir, l'idée qui vise à envoyer un "signal prix" pour encourager les utilisateurs à moins consommer d'énergies fossiles est "théoriquement séduisante et estimable mais se heurte à la réalité des comportements" et sera probablement peu efficace.

"Les ménages sont très largement captifs de l'énergie et la hausse du prix a très peu d'impact sur le niveau de consommation", a estimé l'association dans une synthèse rendue publique mercredi 1er juillet.  "De 1995 à 2006, le prix du carburant a augmenté de 66%, soit près de 5% par an, et la consommation de carburant des particuliers, loin de diminuer, s'est accrue de 7,6% sur la période."

L'association a aussi dénoncé l'idée selon laquelle la taxe carbone pourrait être "compensée" par une baisse des charges sociales, ce qui en ferait une "TVA sociale énergie". "Dans ce schéma, le consommateur est le grand perdant puisqu'il va payer plus cher son énergie et que la baisse des charges sociales risque fort d'être peu répercutée dans les prix", estime-t-elle.

Proposition alternative

UFC-Que choisir  s'est ainsi déclaré en faveur d'un "chèque vert", proposé par la Fondation Nicolas Hulot, qui serait distribué de manière uniforme à tous les ménages et récompenserait par conséquent les moins gourmands en énergie.

Devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, le 22 juin, Nicolas Sarkozy a affirmé qu'il entendait aller "le plus loin possible" sur la taxe carbone. Pour Michel Rocard, l'instauration de cette taxe est "une aventure énorme [...] qui porte en germe, à échéance, une refonte de tout notre système fiscal".