Vives réactions aux annonces de Michel Rocard sur la taxe carbone

Par latribune.fr  |   |  698  mots
Suite aux propositions, mercredi par voie de presse, de Michel Rocard sur la taxe carbone, les réactions ont été nombreuses. L'ancien Premier ministre socialiste doit remettre vendredi au gouvernement une série de recommandations sur ce sujet, issue du travail d'une conférence d'experts.

Une catastrophe pour le pouvoir d'achat

Le projet de Contribution climat énergie (CCE) ou taxe carbone est un "hold-up fiscal sur le mode de la vignette automobile des années 1960-1970", a dénoncé l'UFC-Que Choisir dans un communiqué. L'association de défense des consommateurs a annoncé qu'elle combattrait ces propositions "qui, si elles étaient adoptées par le gouvernement, constitueraient le pire des scénarios pour le pouvoir d'achat des consommateurs".

"L'Etat va prélever plusieurs milliards d'euros sur les consommateurs, leur restituera une partie et gardera une part substantielle pour son budget général ou pour baisser les taxes sur les entreprises", s'inquiète l'association.

UFC-Que préfère de loin la proposition du "chèque vert" "où l'ensemble des recettes fiscales est restitué aux consommateurs, sous forme d'une allocation qui maintient une incitation individuelle tout en tenant compte des disparités des ménages".

Le nucléaire "favorisé"

Autre angle d'attaque pour le réseau Sortir du nucléaire: le projet de CCE "favorise l'industrie du nucléaire" et évite de s'attaquer aux pollutions radioactives et chimiques de l'industrie atomique.

La CCE doit taxer "toutes les pollutions", note le réseau d'associations. "L'industrie nucléaire dans son ensemble, de la mine d'uranium au démantèlement des installations, émet aussi des gaz à effet de serre de façon non négligeable", affirme Sortir du nucléaire. Et l'électricité est d'autant plus responsable de la production d'émissions de gaz à effet de serre que la France importe "de grandes quantités d'électricité produite avec des centrales au fuel ou au charbon".

Ainsi le réseau s'est-il réjoui de la proposition de Michel Rocard (faite à titre personnel) d'inclure l'électricité dans le champ de la CEE, mais craint que le gouvernement n'adhère pas à cette position.

Si la CEE est appliquée sans inclure la production électrique, elle "empêchera la France d'atteindre son objectif européen de 23% d'énergies renouvelables en 2020", fait par ailleurs remarquer Sortir du nucléaire, qui estime que pour atteindre ce chiffre de 23%, il faut non seulement augmenter la proportion d'énergies renouvelables, mais aussi diminuer la proportion de celles qui ne le sont pas.

"Prudence" sur l'électricité

"Je suis favorable à la Contribution Climat Energie (CCE) sur les énergies fossiles mais prudence quant à son extension à l'électricité. C'est un sujet très sensible pour le pouvoir d'achat des ménages, en particulier les familles les plus modestes", a déclaré à l'AFP la secrétaire d'Etat au Développement durable Valérie Létard.

"On ne sait pas quelle est la part des énergies fossiles consommées dans la production d'électricité et ce ne serait pas normal de taxer toute la production alors que seule une partie provient des centrales à charbon", a-t-elle justifié.

Une hausse "énorme" du prix de l'essence

Quant à l'Union française des industries pétrolières (Ufip), elle a annoncé que la taxe carbone conduirait à une hausse des prix à la pompe entre 6 centimes d'euros ? pour l'essence ? et 7 centimes ? pour le gazole.

"C'est énorme comme augmentation: c'est l'équivalent d'une hausse de 20 dollars du prix du baril de pétrole brut", a commenté Jean-Louis Schilansky, président de l'Ufip.

Un "petit pas" qui "manque d'ambition"

Les Verts ont estimé que les propositions de Michel Rocard sur la taxe carbone représentaient "un petit pas" mais "manquaient d'ambition", "compte tenu de l'urgence climatique et sociale".

"Nous regrettons l'exclusion de l'électricité, issue en grande partie du nucléaire ou des centrales à charbon" et "l'exclusion des industries les plus polluantes, celles qui émettent le plus de CO2 parce qu'elles sont liées au marché des quotas", écrit, dans un communiqué, la porte-parole du parti écologiste, Djamila Sonzogni.

Autre élément à charge, "sur les 8 milliards que cette taxe pourrait rapporter à l'État, plus de 50% seraient payés par les ménages. Il est bien question d'un "chèque vert" mais le dispositif reste flou", affirme-t-elle.

"Il faudrait proposer aussi et surtout des mesures de soutien aux investissements qui contribuent à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, comme dans les secteurs du logement et du transport pour ne pas pénaliser les plus défavorisés", estiment-ils.