La France renoue avec la croissance

Par latribune.fr  |   |  889  mots
L'économique française est "sortie du rouge" avec une croissance de son PIB de 0,3% au deuxième trimestre. Les économistes prévoyaient en moyenne un repli de 0,3%, après -1,3% au premier trimestre (chiffre révisé). Bercy maintient toujours sur un recul du PIB de 3% pour l'ensemble de l'année 2009.

Christine Lagarde a dévoilé avec une heure d'avance les chiffres de la croissance française pour le deuxième trimestre que devait révéler l'Insee vers 8 heures 45. Et c'est une bonne nouvelle: techniquement la récession est terminée. L'économie française est en effet  "sortie du rouge" avec une croissance de son PIB de 0,3% au deuxième trimestre, a déclaré au micro de RTL la ministre de l'Economie Christine Lagarde.

Ces chiffres ont été confirmés par l'Insee, l'institut national de la statistique et des études économiques. Ils montrent que contrairement aux attentes, le phénomène de déstockage des entreprises s'est poursuivi, ce qui est plutôt de bon augure pour les mois à venir car, tôt ou tard, il leur faudra bien reconstituer des stocks pour pouvoir produire.

"Les chiffres sont extrêmement surprenants: après quatre trimestres négatifs, la France sort enfin du rouge et la croissance redevient positive à +0,3%", a-t-elle dit sur RTL."C'est un chiffre évidemment très positif qui nous surprend et qui nous réjouit. La France se distingue clairement de ses voisins," a-t-elle ajouté. La consommation privée a augmenté de 0,3% après une hausse de 0,2% au premier trimestre, tandis que les exportations ont apporté une contribution de 0,9 point. "On a un moteur consommation qui tient et qui est alimenté par l'amélioration du pouvoir d'achat, la baisse de l'inflation et le soutien au secteur automobile, un secteur exportations fort contributeur (...) et puis des investissements des entreprises publiques qui soutiennent mais où on a encore besoin que les entreprises privées mettent le pied à l'étrier et recommencent à investir, ce n'est pas encore le cas," a-t-elle dit.

Les économistes prévoyaient en moyenne un repli de 0,3%, après -1,2% au premier trimestre. Mais ce dernier chiffre a été révisé par l'Insee, à -1,3%. L'Insee tablait jusqu'à présent sur un recul de 0,6% du produit intérieur brut au deuxième trimestre et, pour sa part la Banque de France prévoyait encore en juillet une baisse de 0,4% pour ce même trimestre.

Bercy ne modifie pas sa prévsision d'un recu de 3% du PIB pour 2009

Le gouvernement français, qui table sur un recul du produit intérieur brut (PIB) de 3% en 2009, n'a pas l'intention de réviser cette prévision dans l'immédiat malgré ce retour surprise de la croissance au deuxième trimestre. "La réflexion est en cours, mais pour une éventuelle révision de nos prévisions, on va prendre le temps", affirme-t-on ainsi dans l'entourage de la ministre Christine Lagarde. "Cela produit à l'évidence un aléa, le chiffre final pour l'année sera sans doute un peu moins mauvais que prévu", se bornet-on à commenter à Bercy. L'entourage de Christine Lagarde a relevé que l'investissement des entreprises restait "toujours préoccupant" même si sa chute "semble décélérer un peu". Et d'ajouter: l'investissement restera vraisemblablement orienté à la baisse dans les prochains mois", a-t-on ajouté. "Même si techniquement la récession est terminée, la crise n'est pas finie", a-t-on prévenu.

Pas de risque de déflation

Par ailleurs, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, estime que la France "n'entre pas dans une période de risque de déflation", malgré un troisième mois consécutif de baisse des prix à la consommation en juillet. "On n'entre pas dans une période de risque de déflation. Aujourd'hui, on a une inflation négative, par ce que les économistes appellent un effet de base. (...) Le prix du litre d'essence, au mois de juillet dernier, était à peu près 40% supérieur au prix de l'essence aujourd'hui", a déclaré Christine Lagarde. "Si on regarde en revanche l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire sans tenir compte des grandes variations comme celle de l'énergie, on a toujours une inflation qui est largement au-dessus de zéro donc je n'ai pas du tout de crainte de déflation", a-t-elle ajouté.

Situation toujours difficile pour l'emploi 

En dépit du retour de la croissance , la situation de l'emploi devrait rester "difficile" au cours des prochains trimestres, a également souligné la ministre de l'Economie Christine Lagarde jeudi dans un communiqué.  "La situation du marché du travail devrait rester difficile au cours des prochains trimestres", a affirmé la ministre, ajoutant que "les contrats de transition professionnelle seront étendus" et que la formation professionnelle sera "profondément réformée".
En juin, Bercy avait estimé que les destructions d'emplois salariés dans le privé en 2009 pourraient approcher les 591.000, conformément aux prévisions de l'Unedic.
 

La France toujours en dépression selon le PS

Le parti socialiste (PS) a réagi à ces chiffres, estimant que la France reste "au coeur d'une crise profonde et durable" et que ce 0,3% de croissance "ne doit pas faire illusion". "Même si certains signes de reprise se dessinent en Europe et aux Etats-Unis, la crise est loin d'être terminée, souligne dans un communiqué Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'Economie et ex ministre des finances. La France est toujours au coeur d'une profonde dépression économique et sociale et la rentrée s'annonce particulièrement difficile sur le plan de l'emploi. L'acquis de croissance pour 2009 reste largement négatif (-2,4%) et les prévisions d'un recul de -3% pour l'année ne sont pas modifiées".