Nicolas Sarkozy a dévoilé sa réforme des lycées

Par latribune.fr  |   |  1071  mots
Le président de la république a présenté ce mardi l'intégralité de la réforme des lycées qui doit entrer en vigueur l'an prochain. Six grandes orientations sont présentées, de la refonte des filières à celle de l'orientation, en passant par un accompagnement renforcé et la promotion des langues et des arts.

La fondation des lycées fut un "geste fondateur de notre éducation nationale", a déclaré ce mardi Nicolas Sarkozy, alors qu'il présentait la réforme qui entrera en vigueur en 2010.  "C'est un geste qui signifiait très concrètement la fin des privilèges de la naissance. Cela voulait dire: désormais, en France, c'est de l'école que sortiront les élites", a-t-il insisté.

L'Elysée a dû revoir sa copie après que la réforme envisagée initialement a été suspendue, fin 2008, après plusieurs semaines de contestation. On ne parle donc plus de "réforme", mais d'"apporter des réponses rapides et concrètes aux problèmes concrets", souligne l'Elysée.

Six grandes orientations sont présentées. Elles feront encore l'objet de concertations d'ici fin 2009 entre le ministre de l'Education, Luc Chatel, et les syndicats de l'Education.

Orientation : le droit à l'erreur

Le premier axe de la réforme consistera à donner aux lycéens un "droit à l'erreur", c'est-à-dire à leur offrir la possibilité de changer d'orientation en cours de cursus.  Ils pourront ainsi passer d'une filière à l'autre grâce à des stages de remise à niveau dont pourront également bénéficier les élèves en difficulté.

Concernant l'orientation justement, elle devrait être renforcée à toutes les échelles. Comme en terminale, une "orientation active" sera mise en place dès la première avec une meilleure information sur la filière, les études supérieures et les débouchés.

L'idée est aussi de rendre l'orientation plus progressive, la classe de première devant être plus générale et la terminale plus spécialisé.

L'accès à l'information nécessaire à une meilleure orientation sera "garanti", grâce à l'instauration d'un tutorat pour chaque élève ou la multiplication des contacts avec l'université et le monde de l'entreprise.

La section technologique plus musclée, la filière scientique plus ciblée

La réforme du lycée prévoit un rééquilibrage des effectifs entre les filières S, ES et L. Nicolas Sarkozy souhaite notamment briser l'hégémonie de la filière scientifique (S), qui attire la moitié des lycéens. D'autant que  44% seulement des bacheliers (S) choisissent cette série par goût des sciences, et 30% pour se garder ouvertes toutes les portes d'entrée du supérieur, selon la mission parlementaire Apparu sur le lycée, qui a rendu son rapport en mai. Ainsi, les conditions d'admission en filière S seront durcies, avec un renforcement des enseignements scientifique pour mieux cibler les élèves.

La section technologique (STI) sera quant à elle renforcée et appelée à devenir un "véritable parcours qui débouche sur les emplois d'ingénieurs et de techniciens dont l'économie a besoin". Les programmes seront changés, ses élèves auront droit à un contingent de places réservées en BTS et en IUT, et des classes préparatoires aux écoles d'ingénieurs spécifiques leur seront réservées, selon la présidence.

La filière (L) tournée vers l'international

Quant à la filière L, qui souffre du désengagement massif des élèves, le gouvernement veut la rendre plus attractive en communiquant sur les possibilités auxquelles elle donne accès pour la suite des études. Elle devrait devenir une "filière d'excellence tournée vers l'international", avec la pratique renforcée des langues étrangères et une ouverture sur le droit ou encore l'enseignement artisique.

Un accompagnement renforcé

Le troisième axe du plan gouvernemental consiste en la mise en place, à la rentrée 2010, de deux heures obligatoires par semaine d'accompagnement personnalisé pour les élèves de seconde - un système appelé à s'étendre aux premières et terminales en 2011 et 2012.

Une marge d'autonomie doit être laissée aux établissements pour organiser cet accompagnement, que les professeurs seront amenés à assurer, et trouver un équilibre avec les heures de cours. Ces heures n'alourdiront pas l'emploi du temps des élèves et impliquent donc de "trouver de nouveaux équilibres" dans les emplois du temps.

Des élèves bilingues, voire trilingue

Quatrième axe de la réforme, un "plan d'urgence" pour les langues étrangères, pour que tous les lycéens deviennent "au moins bilingues et, pour certains, trilingues".  Le lycée devra favoriser la pratique de l'oral - le baccalauréat sera revu puisqu'il privilégie l'écrit -, augmenter le nombre d'assistants étrangers, favoriser les échanges avec des établissements étrangers, etc.

Nicolas Sarkozy a aussi  souhaité "que l'on développe systématiquement l'enseignement en langues étrangères de certaines disciplines fondamentales: l'histoire, mais aussi les sciences ou encore, pourquoi pas, l'éducation physique et sportive".

Des arts et de l'autonomie

Cinquième axe : le développement de l'éducation et de la pratique artistique. Le président a notamment annoncé la création d'une vidéothèque en ligne de classiques du cinéma ; "200 grands classiques du cinéma mondial seront disponibles et constitueront la vidéothèque de base de chaque lycée", a-t-il déclaré.

Un enseignement transversal d'histoire des arts sera aussi créé, grâce à la réécriture des programmes des disciplines fondamentales (histoire, français, sciences)", a-t-il annoncé, en précisant que cet enseignement ferait "l'objet, selon des modalités à définir, d'une évaluation au baccalauréat". Il a également souhaité que le "parrainage des établissements par des artistes se développe".

Enfin, Nicolas Sarkozy a proposé des mesures pour aider les lycéens à conquérir leur autonomie : l'âge légal pour exercer des responsabilités associatives sera abaissé de 18 à 16 ans ; l'engagement des élèves dans une association ou autre sera mis en valeur par la création d'un livret de compétences ; certaines compétences relatives à la vie scolaire (restauration, aide sociale...) seront déléguées aux lycéens.

La réforme concerne 1,4 million de jeunes, selon les chiffres du ministère de l'Education nationale. Le lycée est accusé de mal orienter les jeunes, mais aussi de mal les préparer aux études supérieures : seuls 53% des bacheliers inscrits en première année de licence obtiendront leur diplôme en troi ou quatre ans, selon le même rapport. Autre problème, le fort taux de redoublement des élèves de seconde (15%). La classe de seconde est la plus redoublée du secondaire (collège et lycée ), ce qui représente un coût de 1 milliard d'euros, selon le rapport Apparu.