Plan cancer, prix du tabac : Nicolas Sarkozy fait feu de tout bois

Par latribune.fr  |   |  725  mots
Pour le second plan cancer (2009-2013), Nicolas Sarkozy a annoncé ce lundi "750 millions d'euros de dépenses nouvelles". Il a également fixé un objectif de "20% de spécialistes" de plus. Et a défendu la hausse prévue de 6% des prix du tabac, jugée insuffisante jusque dans les rangs de l'UMP.

Le président Nicolas Sarkozy a communiqué ce lundi à Marseille les mesures du second Plan cancer, pour la période 2009-2013, d'un montant total qui avoisinerait les 2 milliards d'euros.

Le président a ainsi annoncé que "près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles" seraient consacrées à ce plan. "Dans le contexte actuel c'est un effort très important que fait notre pays", a-t-il commenté. "Mais je n'ai pas le droit de faire des économies sur la souffrance des patients et de leurs familles".

Réduire les inégalités devant la maladie

Le chef de l'Etat a fixé au dispositif trois objectifs, le premier d'entre eux étant de "construire dès aujourd'hui l'excellence des soins de demain. Comment peut-on faire pour être meilleur?", a lancé Nicolas Sarkozy.

Le deuxième objectif est de "réduire les inégalités" devant la maladie, notamment les inégalités régionales et sociales, alors que "le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales", a rappelé le chef de l'Etat.

Enfin "comment on vit après le cancer ?", a cité le président comme troisième objectif. "C'est une chose de dire qu'on va guérir de plus en plus du cancer mais si [c'est] pour qu'on soit laissé tout seul [...] lorsqu'on a cette maladie, alors ça serait inacceptable".

20% de spécialistes en plus

Par ailleurs, le président a fixé un objectif de "20 % de spécialistes en plus". "Pour garantir la qualité des soins à l'avenir, à côté de la recherche, il faut anticiper l'évolution démographique de certaines professions. Les spécialistes impliqués dans la prise en charge des cancers, je pense aux oncologues, aux radiothérapeutes, aux hématologues qui sont aujourd'hui en nombre insuffisants", a-t-il déclaré.

"Un effort particulier de recrutement sera consenti en faveur des radiophysiciens", a-t-il poursuivi, en faisant allusion "au drame d'Epinal" où des patients avaient été irradiés, émettant le souhait d'"une centaine d'étudiants en plus dans les formations de radiophysiciens chaque année".

De plus, sur le plan de la recherche, "cinq sites de recherche pluridisciplinaire seront labellisés par l'Institut national du cancer" et seront "encouragés à concourir au plan mondial à la réalisation d'essais cliniques précoces de nouveaux médicaments".

L'impact de l'environnement sur les cancers a également été évoqué par le chef de l'Etat. "Je veux que 15% du budget de la recherche prévu par le plan soient consacrés à l'analyse des risques environnementaux et comportementaux". Nous devons "étudier davantage les effets à long terme des expositions, même à faible dose, à certains agents chimiques, biologiques ou physiques", a-t-il déclaré.

Le chef de l'Etat avait mandaté en octobre 2008 le Pr Jean-Pierre Grünfeld pour élaborer des propositions qui serviraient de base à la formulation de ce second plan cancer. Son rapport a été rendu public en mars 2009.

Le premier plan cancer en France s'était étalé de 2003 à 2006. Il s'était donné entre autres comme objectif de renforcer la prévention et de réduire les risques de maladie, en luttant notamment contre le tabagisme, "première cause de mortalité par cancer évitable, responsable de 66.000 décès en France", selon le rapport publié à l'issue de ces trois années de mobilisation.

 

Le tabac : le prix qui fâche
Lors de la présentation du plan cancer 2009-2013, Nicolas Sarkozy est revenu sur la hausse de 6% du prix du tabac votée par l'Assemblée, qui a été contestée par plusieurs associations mais aussi par des membres de la majorité, qui demandent une hausse de 10%.
"6% en période d'inflation nulle, c'est une forte progression", a déclaré le chef de l'Etat. Il s'agit d'une décision "cohérente et équilibrée", tenant compte du pouvoir d'achat des Français. "J'ai rendu cet arbitrage, je l'assume", a-t-il insisté.
Par ailleurs, "en 2010, le remboursement des substituts nicotiniques sera porté de 50 à 150 euros pour les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) et pour les femmes enceintes", a annoncé Nicolas Sarkozy, en parlant de la nécessité de moyens renforcés pour l'aide au sevrage.
Le chef de l'Etat a également mentionné des avertissements visuels sur les paquets pour atténuer "l'image positive de la cigarette", ainsi que l'interdiction la vente de tabac sur Internet et aux mineurs.