Enseignants : salaires en hausse mais suppressions de poste maintenues

Par latribune.fr  |   |  573  mots
Le ministre de l'Education Luc Chatel a annoncé ce week-end des revalorisations salariales pour un enseignant sur quatre dès la rentrée 2010. La politique du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est maintenue.

Près de 190.000 enseignants, dont 20.000 débutants, soit un peu de moins du quart des effectifs, vont bénéficier de mesures de revalorisation salariale à partir du 1er septembre 2010, a déclaré dimanche le ministre de l'Education Luc Chatel. 

Concernant les débutants, l'augmentation se montera à 157 euros nets par mois pour les professeurs des écoles et les professeurs certifiés et de 259 euros pour les professeurs agrégés, ce qui représente une revalorisation de plus de 10%, a précisé le ministre. Cette revalorisation est liée à la réforme de la formation des enseignants, qui prévoit que les nouveaux venus soient recrutés au niveau master 2 (bac + 5), soit théoriquement une année de plus, ce qui justifie ce coup de pouce financier. Cette réforme se traduira cepndant aussi par la suppression de 13.000 postes d'enseignants stagiaires.

De plus  pour lisser les salaires, 170.000 enseignants du primaire et du secondaire ayant moins de sept ans d'ancienneté bénéficieront d'une hausse de 660 euros nets en moyenne par an pendant sept ans, à partir de la rentrée 2010.

La politique de réduction du nombre de fonctionnaries maintenue

Les revalorisations salariales des enseignants représentent un coût total de "196 millions d'euros, soit exactement la moitié des économies réalisées par le non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite", a précisé le ministre de l'Education lors du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI. Luc Chatel a souligné que 100.000 fonctionnaires n'avaient pas été remplacés depuis 2007.

Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre François Fillon a également confirmé la poursuite de la politique de réduction du nombre de fonctionnaires. Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux ayant annoncé l'embauche de 1.500 adjoints de sécurité, Luc Chatel a pris soin de préciser qu'il s'agissait d'emplois aidés, à durée déterminée, qui ne mettait pas en cause la politique du "un sur deux".

DIF et mobilité professionnelle

Luc Chatel a également annoncé pour les enseignants la mise en place en septembre 2010 d'un DIF (Droit individuel à la formation), de 20 heures par an, suivi "sur la base du volontariat", en complément des formations de l'Education nationale, qui sera effectuée pendant les vacances scolaires et rémunérée "50% du salaire horaire".

Un "entretien systématique" consacré à la mobilité professionnelle est également prévu pour "tous les professeurs après deux ans et ensuite après quinze ans de carrière" de même que la création sur Internet d'"un portail unique" recensant "les postes à pourvoir hors Education nationale". Un dispositif de "formation-reconversion", destiné en particulier aux enseignants de la voie technologique sera aussi mis en place.

Colère des syndicats

Ces annonces n'ont pas satisfait les syndicats. "Il y a de la déception et de la colère", a déclaré Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU (première fédération de l'éducation). "75% des enseignants [restent] sur la touche", a ainsi fustigé le SE-Unsa, tandis que le Sgen-CFDT pointait du doigt une "absence de dialogue social".

Au delà de la fiche de paie, les syndicats disent être loin de la promesse de Nicolas Sarkozy de revaloriser l'ensemble de la "condition" enseignante. "Il faut aussi prendre en compte la pénibilité du travail, qui s'accroît", a affirmé le Snes-FSU, citant les classes surchargées, les difficultés de remplacer les professeurs absents ou la diminution de l'offre éducative.