Xavier Bertrand promet aux victimes du Mediator une prise en charge "intégrale" par la Sécu

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  563  mots
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Le ministre de la Santé a promis ce vendredi dans une interview sur RTL que tous les Français qui ont pris du Mediator bénéficieront d'une pris en charge à 100% de leurs dépenses en cas de problèmes de santé. Il invite donc les personnes concernées à consulter un médecin.

Tous les patients qui ont pris du Mediator bénéficieront d'une prise en charge intégrale par l'assurance-maladie. C'est ce qu'a annoncé ce vendredi le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui, ce faisant, a répondu positivement à la demande insistante des associations de victimes.

"Ma priorité, c'est de renforcer notre système de prise en charge et de dire que pour tous ces patients qui ont pris du Mediator, il y a aura une prise en charge intégrale par l'assurance maladie et qu'il faut donc consulter", a déclaré Xavier Bertrand sur RTL.

Commercialisé par les laboratoires Servier de 1976 à novembre 2009, le Mediator a été utilisé par environ cinq millions de personnes avant d'être retiré du marché. Des voix se sont élevées pour dénoncer la lenteur des autorités à interdire cet antidiabétique utilisé comme coupe-faim malgré de nombreuses alertes.

Depuis le début du scandale, les révélations se succèdent. D'abord par le nombre des victimes qui pourrait s'élever selon certaines sources à 2.000 Français. Mais aussi par le chiffre d'affaires engrangé par les laboratoires Servier. Une note de l'Union nationale des organismes d'assurances maladies complémentaires (Unocam) montre ainsi que le Mediator a coûté 423 millions d'euros en dix ans à la Sécurité sociale et aux complémentaires santé, écrit ce vendredi Le Parisien.

Plusieurs anciens ministres de la Santé, de droite comme de gauche, se sont défendus d'avoir été informés des alertes lancées à partir de 1998, en particulier par l'Agence française du médicament, sur la dangerosité du Mediator.

Nicolas Sarkozy monte au créneau

L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) doit rendre un rapport sur le Mediator à la mi-janvier et une mission parlementaire vient d'être créée. Le président Nicolas Sarkozy a réclamé mercredi en conseil des ministres la "transparence la plus totale" dans le traitement du dossier, affirmant que les éventuelles failles du système de santé seraient corrigées.

Charles Joseph-Oudin, avocat de plusieurs victimes, s'est félicité de voir que les plus hautes instances de l'Etat avaient pris la mesure de la catastrophe sanitaire. "Le président de la République, lui-même, qui est pourtant un ami de Jacques Servier, fondateur des laboratoires, a pris la mesure du scandale", a-t-il estimé.

Le député socialiste Gérard Bapt a estimé, pour sa part, que Nicolas Sarkozy devrait "peut-être opérer quelques ruptures" s'il souhaite vraiment la transparence en raison de ses liens avec le fondateur du laboratoire Servier, qui commercialisait le médicament. Cet élu entend suivre de près la gestion présidentielle de ce dossier car, insiste-t-il, "on connaît les liens entre M. Sarkozy et M. Servier, à qui il a remis récemment la grand-croix de la Légion d'honneur."

Gérard Bapt, qui dénonce de longue date la dangerosité du médicament, a souligné que l'avocat d'affaires que fut le chef de l'Etat avait eu pour client le fondateur du laboratoire qui commercialisait le Mediator avant son interdiction. Ce cabinet était cependant spécialisé dans le droit des sociétés et non dans les affaires pharmaceutiques, a-t-on souligné à l'Elysée.

Selon Le Monde.fr, Jacques Servier connaît le président de la République depuis 1983. Le siège de son laboratoire se trouve à Neuilly (Hauts-de-Seine), ville dont Nicolas Sarkozy fut le maire.