Faut-il obliger les détenus et les bénéficiaires du RSA à travailler ?

Par latribune.fr  |   |  505  mots
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Des parlementaires UMP suggèrent de réintroduire l'obligation d'exercer une activité en prison, rémunérée à un juste niveau. D'autres élus de la majorité présidentielle souhaitent que les bénéficiaires du RSA donnent chaque semaine cinq heures de leur temps à la collectivité.

Faire émerger des idées nouvelles, c'est le propre de la période qui précède une élection présidentielle. A droite, les parlementaires multiplient donc ces dernières semaines les ballons d'essai. Les deux dernières idées en date émanent de sensiblités différentes mais répondent au même principe : pourquoi ne pas imposer aux détenus et aux bénéficiaires du RSA à travailler pour la collectivité?

Le retour au principe des travaux forcés émane de l'aile droite de la majorité qui souhaitent rendre obligatoire l'exercice d'une activité en prison afin de mettre "fin à l'oisiveté" en milieu carcéral. Dans une proposition de loi cosignée par 139 de ses députés de la majorité (UMP, Nouveau centre et quelques divers droite), le député Richard Mallié suggère de "réintroduire l'obligation d'exercer une activité 'utile' en prison, rémunérée à un juste niveau".

Le travail n'est plus obligatoire en prison depuis près d'un quart de siècle

Il s'agit effectivement d'un retour à une situation qui prévalait encore en 1987. Depuis cette date, seuls travaillent les prisonniers qui le souhaitent. Or la proportion des volontaires ne cesse de chuter depuis 2001. Elle est passé de 48% en 2001 à  32,6% en 2007 constatent les signataires de cette proposition de loi. "C'est une nécessité pour l'administration pénitentiaire car le travail permet d'apaiser les tensions de la vie carcérale, c'est également une nécessité pour la société qui devra accueillir ces hommes et ces femmes à l'issue de leur peine" estiment les signataires de cette proposition de loi dans un communiqué qui se conclut ainsi : "Nul ne peut nier qu'effectuer une activité 'utile' (travail, formation professionnelle) ouvre des perspectives en matière de réinsertion sociale et professionnelle. N'est-ce pas également la mission de la prison depuis 1987 ?".

Pour Martin Hirsch, le recours à ce principe pour les bénéficiaires du RSA est une "fausse bonne idée"

L'autre proposition qui consiste à imposer aux bénéficiaires du RSA de s'acquitter de 5 heures hebdomadaires de travail social (accueil dans les services publics, nettoyage des rivières, surveillance aux abords des écoles?). Plutôt que d'imposer la mise en oeuvre immédiate de cette obligation, ces parlementaires suggèrent de mener une première expérience dans des départements pilotes. Cette idée est soutenue par Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes. 

Interrogé, le créateur du RSA, Martin Hirsch a estimé ce jeudi, qu'il s'agissait d'une "fausse bonne idée". L'ex-Haut commissaire aux solidarités actives insiste sur le fait que "désormais, contrairement au RMI, les allocataires du RSA sont obligés, sauf problème de santé grave, de rechercher un emploi et d'être inscrit à Pôle Emploi". Et même s'il admet que les bénéficiaires de cette aide publique peinent à retrouver du travail, Martin Hirsch estime qu'il vaudrait mieux utiliser davantage une formule existante - le contrat unique d'insertion - qui permet d'offrir un travail dans des structures associatives bénéficiant de subventions.