Le Mediator aurait coûté 1,2 milliard d'euros à la "Sécu"... en plus des pertes humaines

Par latribune.fr  |   |  451  mots
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Selon un rapport officiel dévoilé par Le Figaro, le médicament, à l'origine de 500 à 2.000 décès, a coûté environ 1,2 milliard d'euros à la Sécurité sociale.

Le Mediator a coûté au moins 1,2 milliard d'euros à la Sécurité sociale pendant les trente-trois années de sa commercialisation entre 1976 et 2009, selon une étude de l'assurance maladie publiée ce jeudi par le Figaro.

Le Mediator, commercialisé par les laboratoires Servier comme un antidiabétique alors qu'il s'agissait d'un puissant coupe-faim, est resté sur le marché alors que les risques d'affections cardiaques mortelles étaient connus dès les années 1990. Il aurait fait de 500 à 2.000 morts.

Des poursuites judiciaires sont engagées dans lesquelles l'assurance maladie est partie civile et l'affaire a ouvert un grand débat sur l'organisation du système de santé français et la place des laboratoires pharmaceutiques.

Un fonds d'indemnisation a été créé par l'Etat pour les victimes et c'est donc pour l'instant encore de l'argent public qui est utilisé pour la facture. Il sera mis en place avant l'été et sera opérationnel "très vite", dit le ministère.

L'étude citée par Le Figaro fait état de deux problèmes, le remboursement au taux maximal maintenu malgré les alertes jusqu'à son interdiction et les coûts liés aux affections cardiaques.

"Ce coût (de 1,2 milliard) comprend 879 millions d'euros pour le remboursement du médicament auquel s'ajoute 315 millions d'euros pour la prise en charge du sur-risque lié aux complications valvulaires cardiaques", lit-on dans le fac-similé du document publié par le journal. Et cette estimation ne prend pas en compte les coûts liés aux arrêts de travail et aux invalidités.

L'affaire fait l'objet d'une double information judiciaire pour "homicides et blessures involontaires" et "tromperie aggravée", qui concernent plusieurs centaines de plaignants, dont l'assurance maladie.

Le problème est que ces procédures prendront des années pour aboutir, en raison des expertises médicales à réaliser au cas par cas.

L'opposition et certains plaignants critiquent par ailleurs le fonds d'indemnisation créé, qui aboutit concrètement à faire payer les dommages aux contribuables, dans l'attente d'un éventuel remboursement par Servier.

Selon les Echos, les laboratoires Servier disposent d'une réserve de 2 milliards d'euros et n'ont pas de dettes. Une demi-douzaine de ministres de la Santé risquent de se voir reprocher leur manque de vigilance. En outre, Nicolas Sarkozy avait conseillé Jacques Servier lorsqu'il était avocat d'affaires. Devenu président, il lui a remis la Légion d'honneur personnellement en 2008.

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé Xavier Bertrand a estimé que la trésorerie de Servier lui permettait d'indemniser les victimes. "Personne ne comprendrait que Servier continue à faire preuve d'un entêtement sans nom. Il faut qu'il y ait une indemnisation juste, rapide. Servier a largement de quoi assumer sa responsabilité", a-t-il dit sur Europe 1.