Assistanat "cancer" : Sarkozy peine à éteindre le feu déclenché par Wauquiez

Par latribune.fr  |   |  617  mots
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Le rappel à l'ordre du président de la république après les propos de Laurent Wauquiez sur les "dérives de l'assistanat" n'a pas éteint la polémique, qui continue, ce jeudi, à faire des vagues dans les rangs de la majorité.

"J'ai juste dit tout haut ce que beaucoup de Français pensent tout bas". Laurent Wauquiez maintient, dans une interview accordée au Progrès de Lyon, ses propos sur le revenu de solidarité active (RSA). Le ministre des Affaires européennes campe visiblement sur une position qui a révulsé la gauche et fait émerger à droite un clivage fort entre les partisans d'une ligne dure et les tenants d'un discours plus social.

Mercredi en conseil des ministres, le président de la République avait pourtant suggéré à chacun "de rester dans son secteur" et demandé de ne pas "pousser les divisions". Selon le porte-parole du gouvernement, François Baroin, Nicolas Sarkozy a aussi loué le "bilan exceptionnel" du RSA, qui a été "un bouclier social, un instrument de lutte contre la pauvreté".

Larcher tacle Wauquiez

A l'image de ces derniers jours, qui ont notamment vu la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, affronter son collègue du Travail, Xavier Bertrand, des voix discordantes se sont à nouveau élevées ce jeudi. Le président du Sénat, Gérard Larcher a ainsi rappelé à Laurent Wauquiez que les statistiques contredisaient ses propos. "Les chiffres sont têtus, Laurent Wauquiez a tort, il y a aujourd'hui un différentiel d'au moins 40% entre celui qui est contraint au RSA et celui qui a un salaire minimum", a-t-il dit sur RTL, défendant "une des réformes majeures du candidat et un outil de solidarité". Et Gérard Larcher d'enfoncer le clou : "Au moment où le débat va être entre justice sociale et efficacité économique, je considère que c'est l'un des outils de la justice sociale".

Yves Jego parle de Lepénisation d'une partie de l'UMP

Pour Bruno Le Maire, "le cancer de la société, c'est d'abord le chômage, les difficultés d'accès à l'emploi des jeunes". Mais ajoute le ministre de l'Agriculture,"là où je rejoins Laurent Wauquiez, c'est qu'il y a un certain nombre de détails, de dysfonctionnements, qui méritent d'être corrigés, pas pour torpiller le RSA mais pour le rendre plus efficace, plus juste et permettre à ceux qui en disposent d'arriver plus rapidement à l'emploi".

L'ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, le vice-Président du parti radical Yves Jégo, a estimé sur Europe 1 que Laurent Wauquiez cédait aux thèses du Front national par des propos qui démontrent une dangereuse "lepénisation des esprits".

Sur i>Télé et Radio classique, Brice Hortefeux, a quant à lui dit souscrire aux "messages" envoyés par Laurent Wauquiez. "Il n'y a pas de sujets tabous, de débats interdits", a estimé l'ancien ministre de l'Intérieur devenu conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. "Premier message, c'est que l'on ne doit pas, dans notre pays, percevoir davantage de revenus des prestations et de la redistribution sociales que de revenus du travail et, le deuxième message, très fort et justifié, c'est la nécessité impérieuse de lutter contre les fraudes", a-t-il souligné. "Ces deux convictions, je les partage. Il y a 800 millions de fraude, cela n'est pas justifié. Pourquoi ? Parce que la fraude c'est du vol", a-t-il insisté.

Copé tente de calmer le jeu

Jean-François Copé a regretté la polémique, mettant en avant son rôle de rassembleur au sein du parti. "Je préfère que quand quelqu'un lance une idée, on ne lui tombe pas dessus à chaque fois", a expliqué le patron de l'UMP sur Canal + avant d'ajouter : "En ce qui concerne le gouvernement et le rôle que doit jouer chaque ministre, c'est au président de la République de dire. Il l'a fait très fermement et très clairement hier".