Les fabricants d'avertisseurs de radar veulent s'appuyer sur leurs clients pour faire plier Guéant

Par latribune.fr  |   |  537  mots
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Alors que le gouvernement a décidé d'interdire leurs appareils pour limiter les excès de vitesse, les fabricants français d'avertisseurs de radars préviennent les pouvoirs publics que leur décision aura des conséquences sociales majeures. Et ils demandent aux 4,7 millions de Français utilisant leurs produits de leur apporter leur soutien.

L'interdiction des avertisseurs de radars que souhaite imposer le gouvernement avant la fin de l'été ne met pas que les utilisateurs de ces appareils en colère. Les trois principaux fabricants français de ces avertisseurs n'ont pas hésité à qualifier cette décision de totalement "injuste, injustifiée et aveugle".

Dans un communiqué" commun, Coyote System, Inforad et Wikango regrettent une annonce "faite dans la précipitation, sans concertation" soulignent que les 4,7 millions d'usagers de ce type d'appareils en France - chauffeurs de taxi, ambulanciers, artisans ou simples particuliers - "ne sont pas des délinquants". Selon Fabien Pierlot, PDG de Coyote "ce sont 4,7 millions d'automobilistes qui prennent leur voiture tous les jours pour travailler, qui ont besoin de leur permis de conduire et qui justement veulent respecter les limitations de vitesse".

Guéant veut que la mesure entre en vigueur d'ici septembre

Mercredi, la mesure d'interdiction avait été dévoilée à l'issue d'un comité interministériel à Matignon, organisé avec plusieurs semaines d'avance afin d'enrayer au plus vite la hausse du nombre de morts sur les routes, qui a atteint 10% au premier trimestre et 20% sur le seul mois d'avril. Elle devrait entrer en vigueur d'ici septembre, a précisé le ministre de l'Intérieur. Claude Guéant a également précisé que les systèmes GPS ne devraient plus intègrer de fonction d'avertissement des radars. Le ministre entend discuter "avec les professionnels du secteur" pour qu'ils mettent au point "un dispositif qui permettra d'éviter tout cela".

Les fabricants, qui souhaitent que le gouvernement "revienne sur sa décision", espèrent être reçus rapidement par le ministre pour faire entendre leur voix. Ils s'inquiètent notamment de l'impact social d'une telle mesure, jugé "dramatique" par le président et fondateur d'Inforad, Jean-Georges Schwartz, dans un secteur qui emploie 2.000 personnes en France.

La France est pour le moment leader du secteur

"Si l'interdiction entre en vigueur, nous pouvons nous attendre à mettre la clé sous la porte", a renchéri auprès de l'AFP Loïc Rattier, co-fondateur de Wikango en 2004. Les constructeurs ont également rappelé que la France était le leader mondial dans les avertisseurs de radars et qu'elle pourrait perdre son leadership dans ce secteur qui a connu une progression fulgurante ces derniers mois.

A titre d'exemple, Coyote System, qui a cinq années d'existence, a doublé son nombre d'utilisateurs en moins d'un an, passant de 500.000 à plus d'un million en 2011. Les autres marchés européens, à l'image de l'Espagne, l'Italie, la Belgique et la Suède, commencent eux à peine à se développer, a détaillé Loïc Rattier.

Les clients appelés à se mobiliser

Pour tenter de faire revenir le gouvernement sur sa mesure, Coyote System, Inforad et Wikango ont aussi créé l'Association française des fournisseurs et utilisateurs de technologies d'aide à la conduite (AFFTAC) et appelé leurs clients à se mobiliser.

Un rendez-vous a été fixé au mercredi 18 mai à 13h00 dans plusieurs villes de France, comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou Lille. Les modalités et les lieux précis ne sont pas encore définis car les fabricants attendent d'en discuter avec les pouvoirs publics. "Les utilisateurs seront avertis par message via leurs appareils" se contentent de préciser les trois fabricants.