Certains bénéficiaires du RSA pourraient être contraints à travailler

Par latribune.fr  |   |  589  mots
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L'UMP propose d'instaurer "un contrat d'utilité sociale" contraignant certains allocataires du Revenu de solidarité active ( RSA ) à travailler cinq heures par semaine.

L'UMP propose de faire travailler pendant cinq heures par semaine une partie des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) contre rémunération. C'est l'une des 41 propositions qui seront débattues ce mercredi lors d'une convention du parti majoritaire sur la justice sociale.

Les dirigeants de l'UMP entendent ainsi clore la polémique déclenchée dans leurs rangs et au sein du gouvernement par des déclarations du ministre des Affaires européennes. Laurent Wauquiez, dirigeant du club politique "Droite sociale", avait dénoncé début mai le "cancer" des "dérives de l'assistanat" et proposé d'imposer aux bénéficiaires du RSA cinq heures de travail d'intérêt général par semaine. Il s'était fait rappeler à l'ordre par le Premier ministre, François Fillon, et avait suscité l'indignation du père du RSA, Martin Hirsch, qui fut un des symboles d'ouverture à gauche du gouvernement du président Sarkozy.

Dans un document de travail qui sera soumis mercredi à sa convention, l'UMP tente de répondre à ceux de ses adhérents et dirigeants désireux comme Laurent Wauquiez de remettre en cause "l'assistanat", sans froisser sa frange la plus sociale. Celle-ci est notamment représentée par les centristes Marc-Philippe Daubresse et Pierre Méhaignerie, qui ont présidé à la préparation de ce texte.

Ils recommandent qu'environ 650.000 foyers bénéficiaires du RSA se voient proposer par les collectivités locales un Contrat unique d'insertion (CUI) de cinq heures par semaine.

Un célibataire sans enfant se verrait ainsi rémunéré à hauteur d'une centaine d'euros par mois, qui s'ajouteraient à 410 euros de "RSA activité", au lieu de 467 euros de "RSA socle", pour des activités d'utilité sociale.

Dans une interview publiée ce mardi par la Voix du Nord, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, évoque l'accompagnement de sorties d'école ou de personnes âgées, ainsi que des projets environnementaux et civiques. "C'est un élément de valorisation et d'insertion pour les personnes, et c'est un premier pas dans le retour vers l'emploi", explique-t-il.

En cas de refus répété de propositions de CUI, la Caisse d'allocation familiale diminuerait progressivement le versement du RSA, de 10% le premier mois, 20% le deuxième, puis de 30% jusqu'à la radiation de ce dispositif.

Cette proposition est cependant moins radicale que celle de Laurent Wauquiez, qui suggérait que tous les bénéficiaires du RSA au chômage soient contraints de fournir gratuitement cinq heures de travail d'utilité sociale par semaine.

Marc-Philippe Daubresse et Pierre Méhaignerie, qui affirment avoir recueilli l'assentiment de Martin Hirsch à la proposition de l'UMP, jugent inemployables 400.000 à 500.000 bénéficiaires du RSA pour cause de maladie ou de handicap physique ou social. Ils estiment en outre que la mise en place des CUI destinés aux autres bénéficiaires du RSA sans emploi ne pourra se faire que de façon très progressive. "J'estime que 150.000 à 200.000, c'est faisable", a souligné Pierre Méhaignerie, président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale.

Pour lui, Laurent Wauquiez partait d'une "bonne idée", la responsabilisation des bénéficiaires du RSA et des collectivités locales en matière d'insertion, mais "sa proposition était très contestable".

"Les cinq heures obligatoires et gratuites pour tous les bénéficiaires du RSA socle, je n'y crois pas et je n'y suis pas favorable", dit-il. "C'est impossible à mettre en place."

Laurent Wauquiez et Martin Hirsch doivent participer à la convention de l'UMP, ce mercredi après-midi.