La réforme des études de médecine au milieu du gué

Par Clarisse Jay  |   |  661  mots
L'heure est aux premiers bilans pour la "première année commune des études de santé". Dans son projet 2012, le PS propose de supprimer le concours de médecine et d'ouvrir les études aux professions paramédicales en exercice, pour remédier aux déserts médicaux.

En cette fin d'année universitaire, l'heure est aux premiers bilans pour la "première année commune des études de santé" (PCES) ou "L1 santé". Cette première année de licence commune aux études de médecine, pharmacie, dentaire et sages-femmes a été instaurée l'an passé par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, pour remédier au couperet de la fin de la première année des études de médecine.

L'objectif est de faciliter les réorientations et donc d'aménager des voies de sorties aux 85 % d'étudiants (soit 42.500) qui échouent chaque année au concours de fin de première année de médecine et aux 70 % qui sont refoulés à l'issue de celle de pharmacie. Un véritable "gâchis humain",cause de "vocations brisées", avait convenu l'année dernière, Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Concrètement, à l'issue de leur 1ère année, les étudiants peuvent choisir le ou les concours qu'ils veulent passer. Les réorientations sont désormais possibles entre les quatre spécialités. Quant aux étudiants en échec dès la fin du premier semestre, ils peuvent théoriquement bénéficier de passerelles dans d'autres disciplines, scientifiques ou non. Ceux trop mal placés à l'issue du concours n'auront plus le droit de redoubler.

Premiers résultats mitigés

Mais dans les faits, les réorientations ont du mal à se mettre en place à quelques exceptions près (l'université de Toulouse 1 Capitole permet par exemple aux étudiants "reçus-collés" ayant 10/20 sur l'ensemble de l'année d'accéder en 2ème année de droit). Par ailleurs les passerelles prévues dans d'autres disciplines ne verront pour la plupart le jour qu'à la rentrée 2012. "Cela fait 15 ans que le système est à bout de souffle et la PACES n'a pour l'instant rien changé", constate Jean-Loup Salzmann, le président de l'université Paris 13 Nord qui qualifie cette réforme "d'usine à gaz".

"On reste sur un goût d'inachevé. Les étudiants sont encore trop nombreux et l'idée d'en faire rentrer en septembre pour les réorienter en décembre est curieux", commente Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens de médecine, rappelant que plusieurs projets précédents prévoyaient d'aller plus loin encore dans le regroupement des disciplines de santé. Selon lui, une présélection à l'entrée de 1ère année permettrait de régler en partie le problème.

Lutter contre les déserts médicaux

Le parti socialiste, lui, explore des pistes radicalement opposées dans son projet 2012. Jugeant le concours contraire à l'égalité républicaine, il préconise purement et simplement la suppression du concours et du numerus clausus et une orientation progressive en cours de 1er cycle. Une sélection serait effectuée en fin de 2ème année sur dossier, les stages en milieu hospitalier rendus obligatoires et les voies d'accès ouvertes aux autres filières et à l'ensemble des personnels paramédicaux ayant dix ans d'expérience. Une architecture proche du système anglo-saxon où les étudiants entrent en Medical School après 4 ans de collège.

"Cela permettrait de rééquilibrer la pyramide des âges, de lutter contre les déserts médicaux et le manque de médecins généralistes", estime Jean-Loup Salzmann. Une infirmière serait a priori plus encline à faire de la médecine générale sur son territoire qu'à se lancer dans un long cursus de spécialiste. Le PS va soumettre ses propositions à la conférence des présidents d'universités avant que celle-ci ne présente ses propres préconisations avant la présidentielle de 2012. En attendant, le ministère de l'Enseignement supérieur et la Commission pédagogique nationale des études de santé vont de leur côté procéder à une enquête sur la mise en place de la PACES.