Ecole : la France, mauvais élève en matière de redoublements

Par Clarisse Jay  |   |  560  mots
Copyright Reuters. L'étude "Pisa" 2009 sur les systèmes éducatifs menée tous les trois ans au plan international donne une note générale moyenne à la France, qui consacre pourtant plus d'un cinquième de son budget à l'enseignement et multiplie les réformes. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau
Selon une étude de l'OCDE, un taux de redoublement élevé peut être coûteux et faire baisser la performance globale du système éducatif. La France est parmi les pays où les redoublements sont les plus fréquents. Le coût par élève du redoublement peut atteindre près de 8.000 euros.

 L'OCDE vient d'apporter une réponse quasi définitive au vieux débat sur l'utilité du redoublement. Si la France a depuis plusieurs années cherché à en limiter la fréquence en primaire (réduisant ainsi le nombre d'élève pendant une certaine période), une étude que vient de publier l'organisation internationale devrait convaincre le gouvernement qui prendra place en mai 2012 d'aller encore plus loin.
Basée sur les tests récemment effectués auprès d'élèves de 15 ans dans le cadre de l'enquête PISA 2009 (publiée en décembre 2010), cette analyse conduit à plusieurs constats sans concession. Tout d'abord, l'OCDE établit un lien entre résultats scolaires et taux de redoublement. Dans les pays de l'OCDE, 13% des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois (7% en primaire ; 6% au collège et 2% au lycée). Dans certains pays bien classés dans l'étude PISA, telle la Finlande ou la Corée, le redoublement est quasi inexistant. A l'inverse, en France, où la proportion d'élèves en grande difficulté a progressé ces dernières années, le redoublement concerne 25% des élèves. Pire, parmi les pays de l'OCDE recourant le plus à cette pratique, la France pointe même en 5e position derrière Macao (Chine), la Tunisie, le Brésil et l'Uruguay, avec 37% de ses élèves de 15 ans ayant déjà redoublé au moins une fois. Selon l'organisation mondiale, "les pays où le taux de redoublement est élevé affichent généralement une performance inférieure et une relation plus marquée entre le milieu social et les résultats d'apprentissage que les pays où ce taux est plus faible". Cela vaut aussi pour les pays qui transfèrent fréquemment dans d'autres écoles les élèves en difficulté au lieu de trouver d'autres solutions. Outre de moindres résultats, l'OCDE notre aussi des problèmes de discipline, les élèves transférés étant ainsi coupés de leur réseau et souvent regroupés dans des établissements accueillant déjà une forte proportion d'élèves de cette catégorie.

Surcoûts


Surtout, cette tendance à traiter la difficulté scolaire par le redoublement "engendre des coûts", notent les experts de l'OCDE, du fait des années supplémentaires de formation et d'une entrée sur le marché du travail retardée. Dans certains pays comme la Belgique, l'Espagne ou les Pays-Bas, ce coût peut peser « 10 % au moins des dépenses annuelles nationales au titre de l'enseignement primaire et secondaire », le coût par élève pouvant atteindre 11.000 dollars soit 7.750 euros. Il coûterait près de 2 milliards d'euros par an à la France.
Conclusion, "les systèmes d'éducation qui cherchent à répondre à la diversité des besoins des élèves en faisant redoubler ou en transférant vers d'autres établissements les élèves en difficulté ne parviennent pas à améliorer leur performance globale et, dans certains cas, accentuent même les inégalités socio-économiques".
Depuis plusieurs années déjà, le redoublement n'est plus jugé en France comme la panacée pour aider les élèves en difficulté à pallier leurs lacunes. Mais il reste un recours assez facile pour nombre d'établissements. Dans son projet pour 2012, le parti socialiste a d'ailleurs, entre autres propositions, prévu de limiter les redoublements, voire de les supprimer totalement au collège.