Primaires socialistes : les programmes passés au crible

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  591  mots
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Les leaders suivent une ligne social-démocrate, avec des nuances. Valls est plus libéral, Montebourg protectionniste.

Les six candidats à l'investiture du PS pour l'élection présidentielle se retrouvent ce jeudi pour un premier débat télévisé où ils dévoileront leur jeu à 24 jours du premier tour de la primaire. L'audience du programme de France 2 donnera une première idée de la curiosité des Français pour ce scrutin, dont six sur dix se désintéressent et qu'un quart trouve "compliqué", selon un sondage Viavoice publié mardi dans Libération.

Côté programme économique, les leaders suivent une ligne social-démocrate, avec des nuances. Valls est plus libéral, Montebourg protectionniste.

1 - Fiscalité

Martine Aubry mène une véritable croisade contre les niches fiscales et notamment la « niche Copé » (exonération d'impôt sur les sociétés pour les entreprises mères qui revendent leurs filiales) qui a « coûté » 22 milliards d'euros en trois ans. La maire de Lille veut également supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires, ce qui rapporterait 4,5 milliards d'euros.

François Hollande prône une grande réforme fiscale mise en oeuvre durant toute la durée du quinquennat prévoyant, outre une fusion CSG/IRPP (inscrite dans le projet socialiste), l'instauration d'une nouvelle tranche à 60% de l'IR.

2 - Finances publiques

Manuel Valls se pose en père la rigueur et veut affecter la totalité des revenus fiscaux (et non la moitié) au désendettement. Le député de l'Essonne se prononce pour « la règle d'or » budgétaire. Il est aussi le seul à dire que les impôts devront augmenter. Il souhaite l'instauration d'une « TVA sociale ».

Arnaud Montebourg est véritablement le seul à contester le dogme « maastrichien » de la limitation des déficits publics à 3% du PIB. Il prône aussi l'instauration immédiate d'une taxation sur les transactions financières de 0,1%, limitée, s'il le faut, à la France.

3 - Emploi

François Hollande a avancé son idée de « contrat de génération » exonérant de cotisations patronales (durant 5 ans) l'entreprise qui embauche un jeune de moins de 30 ans si celle?ci est assortie d'un tutorat assuré par un salarié de plus de 55 ans maintenu dans son emploi. Coût estimé : 10 milliards d'euros. Il plaide désormais également pour la création de 60.000 à 70.000 postes dans l'Education nationale.

4 - Social

Manuel Valls se distingue encore en jugeant impossible un retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans. Il se prononce également pour une augmentation, au-delà des 35 heures actuelles, de la durée légale du travail.

5 - Politique économique

Ségolène Royal veut bloquer les prix de 50 produits de première nécessité ainsi que ceux de l'énergie. Elle prône aussi l'instauration d'une « banque publique d'investissement » à dimension régionale chargée notamment du financement des PME innovantes.

Jean-Michel Baylet souhaite qu'une loi vienne réserver 30% des commandes de l'Etat et des collectivités locales aux PME.

Arnaud Montebourg, milite pour une « loi de sécurisation » de l'économie, traduction de son concept de «démondialisation». Il propose ainsi de séparer les activités de banque de dépôts et de banque d'investissement. Il s'agirait aussi de mettre «sous tutelle» les établissements bancaires exerçant sur le sol national», sans indemnité, et de faire entrer dans le conseil d'administration des représentants du gouvernement, des salariés et des usagers du crédit. Il demande aussi la fermeture des filiales des établissements financiers situés dans les paradis fiscaux avec rapatriement des avoirs appartenant aux ressortissants français. Le candidat veut également démanteler les agences de notation privées.