La "prime dividendes" : un cadeau qui fait pschitt

Par Isabelle Moreau  |   |  522  mots
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Selon Towers Watson, elle s'élève à 200 euros en moyenne. Les sociétés concernées par ce dispositif voulu par Nicolas Sarkozy doivent conclure avant la fin du mois.

Chez Securitas, 3,50 euros par salarié, 24 euros selon les calculs des syndicats chez Ipsos France, rien du tout chez BPCE selon les syndicats, qui dénoncent le fait que la société n'est pas éligible au dispositif d'après la direction du travail... La « prime dividendes » ou « prime de partage des profits » ne suscite guère l'enthousiasme escompté par le gouvernement lorsqu'elle a été créée.

Certes, le PDG de Securitas France, Michel Mathieu - interpellé par le ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui qualifiait le montant de la prime proposée de « ridicule et dérisoire » - a admis que c'était une « aberration », avant d'ajouter que c'était conforme à la loi, compte tenu de l'« augmentation de dividendes extrêmement faible ».

Certes, le directeur général d'Ipsos France, Yannick Carriou, a rappelé que « la direction n'a jamais proposé de prime de 24 euros » mais « qu'une participation dérogatoire [le principe est prévu dans la loi, Ndlr] était en négociation avant l'été avec le comité d'entreprise » et qu'il avait proposé « d'augmenter de 30.000 euros la somme allouée à la participation ». Mais rien n'y a fait. Les syndicats d'Ipsos France ont divisé cette somme par le nombre de salariés à savoir 1.200 et obtenu les fameux 24 euros. Ceux de Sécuritas pointent la circulaire qui ne prévoit certes aucun montant minimum, mais dit « qu'il ne saurait être purement symbolique ».

Négociations délicates

Ces exemples qui suscitent la grogne illustrent les délicates négociations en cours dans les entreprises concernées par cette prime obligatoire, à savoir celles comptant plus de 50 salariés ayant versé un dividende en progression par rapport à la moyenne des deux années antérieures. Et ce d'autant que les salariés et leurs représentants syndicaux ont en tête la somme de 1.000 euros, évoquée par le gouvernement au printemps denier. Les 4 millions de salariés potentiellement concernés par cette prime risquent donc de déchanter.

D'autant que le temps presse. Les entreprises doivent en effet conclure les négociations avant le 31 octobre. Faute d'accord, l'employeur décidera unilatéralement du montant de la prime, qui est exonérée de charges sociales jusqu'à un plafond de 1.200 euros. Un montant quasi inatteignable. Il y a peu, Xavier Bertrand évoquait des montants compris dans une fourchette allant de 150 à 600 euros, une récente étude de Towers Watson fait, elle, état de montants plus faibles. Réalisée entre le 21 et le 30 septembre, l'enquête montre ainsi que le montant envisagé est en moyenne de 200 euros (il oscille selon les entreprises entre 100 et 450 euros). « In fine, conclut Sofia Kettani, responsable de l'activité conseil en rémunération chez Towers Watson, compte tenu des montants versés, cette disposition aura un impact marginal et ponctuel sur le pouvoir d'achat des salariés » mais « risque de considérablement limiter la marge de manoeuvre des employeurs en termes de politique salariale dans les mois qui viennent puisqu'elle aura consommé, pour 1/3 des entreprises, entre 1 et 2 % de la masse salariale, ce qui est très significatif lorsque l'on sait que le budget d'augmentations salariales prévu par les entreprises pour 2012 est de 2,8 % ».