Etudiants étrangers : la France risque de perdre en attractivité

Par Clarisse Jay  |   |  567  mots
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La France attire toujours plus d'étudiants étrangers, selon une enquête. Mais elle a cédé sa troisième place à l'Australie sur la scène internationale. Les difficultés d'accès à l'emploi des étudiants étrangers qu'a entraînées la circulaire Bertrand-Guéant et la publicité qui en faite pourrait accroître ce recul.

Voilà un sondage qui tombe à pic. Alors qu'une application zélée de la circulaire Bertrand-Guéant sur l'immigration professionnelle empêche nombre de jeunes diplômés étrangers non ressortissants de l'Union européenne d'obtenir leur changement de statut afin de pouvoir signer leur contrat de travail malgré leurs diplômes cotés (masters 2, grandes écoles) et des promesses d'embauches de recruteurs prestigieux, une études publiée ces jours-ci fait le point sur l'attractivité de la France auprès des jeunes étrangers.

Selon ce sondage réalisé par TNS-Sofres auprès de 20.731 étudiants, pour Campus France, 91% des étudiants étrangers se disent satisfaits de leur séjour en France et la France était le premier choix pour les trois quarts d'entre eux. Quatre vingt dix pour cent des étudiants interrogés recommanderaient à leur entourage de venir faire leurs études en France. Les raisons de cet engouement ? Obtenir un diplôme "internationalement reconnu" et "bénéficier de meilleurs conditions d'enseignement". La France attire pour la qualité de sa formation et, dans une moindre mesure, la valeur de ses diplômes, la réputation des établissements français jouant pour 31% d'entre eux.

La France de plus en plus mise en balance

Pour autant, ce sondage été réalisé en mai dernier. Trop tôt donc pour juger de l'incidence de la fameuse circulaire Guéant-Bertand (mais aussi de la hausse des conditions minimales de ressources), qui commence à faire parler d'elle dans la presse étrangère. Une publicité au-delà de nos frontières qui pourrait mettre à mal l'attractivité de la France. D'autant que d'après les dernières statistiques de Campus France, l'Hexagone a perdu récemment du terrain sur l'échiquier international. Certes, il accueille chaque année de plus en plus d'étudiants étrangers (284.659 en 2010-2011, soit 12% de ses étudiants, contre 270.097 en 2009-2010), mais il a cédé sa 3e place en 2009 au profit de l'Australie (les deux premiers restant les Etats-Unis et le Royaume-Uni). De plus en plus, les étudiants internationaux optent en effet pour un pays anglophone et 40% des étudiants qui ont choisi la France disent avoir hésité avec un autre pays.

Mobilisation

Pour l'heure, alors que les présidents d'université et de grandes écoles tentent de faire plier le ministère de l'Intérieur, la situation semble quelque peu bloquée. Récemment, face au refus de la place Beauvau de réécrire sa circulaire, le ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez avait assuré vouloir "corriger" les difficultés d'application de la circulaire et étudier les dossiers au cas par cas. Autrement dit inciter l'administration à être plus souple. Mais Claude Guéant s'est empressé mercredi de modérer cette intention en précisant qu'il n'était pas question de "corriger" le texte mais "d'apporter un certain nombre d'aménagements pragmatiques à son application". La conférence des grandes écoles doit s'exprimer sur le sujet mardi prochain.

En attendant, le collectif du 31 mai de défense des étudiants étrangers a organisé un rassemblement devant la Sorbonne ce jeudi. Ils veulent étudier les dossiers au cas par cas alors que nous voulons le retrait total de la circulaire, notamment pour rassurer les entreprises car certaines s'inquiètent et, avant l'entretien d'embauche, appellent l'étudiant pour s'assurer qu'il est français", a expliqué Fatma Chouaieb. Selon elle, la circulaire concerne potentiellement 6.000 étudiants diplômés étrangers, soit le nombre ayant obtenu un changement de statut en 2010.