L'"écotaxe poids-lourds" rapportera plus de 2 milliards d'euros au consortium Ecomov'

Par Rémy Janin  |   |  441  mots
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La taxe devrait être effective à compter de mars 2013 en Alsace et juin 2013 sur l'ensemble du réseau routier national.

Alors que l'on fête le quatrième anniversaire du Grenelle de l'environnement, événement qui suscite une vive polémique sur la réalité de la politique écologique de Nicolas Sarkozy, le feuilleton de l'"écotaxe" poids-lourds vient de trouver son épilogue. Après moult tergiversations, c'est finalement le pool d'investisseurs Ecomov' qui vient de remporter l'appel d'offres lancé par le gouvernement. Avec à la clef une belle rente puisque si l'on se base sur les chiffres publiés par l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf), sur des recettes estimées à 1,24 milliard d'euros par an, Ecomov' en recevra 240 Millions au titre de l'entretien et de la gestion du dispositif en charge de la taxation des poids-lourds.

Un investissement de 600 millions

L'investissement, pour ériger environ 5.000 portiques le long des 10.000 km de routes nationales et des 5.000 km de routes départementales à fort trafic (également concernés par l'écotaxe), est estimé à 600 millions d'euros. Il comprend également le coût d'équipement de quelque 800.000 camions de plus de 3,5 tonnes en terminaux embarqués, autrement dit des boites de la taille d'un décodeur TNT, truffées d'électronique et placées dans la cabine des poids-lourds afin de pouvoir dialoguer avec les portiques lorsque le camion les franchit et indiquer, en principe sans erreur, le kilométrage exact du véhicule et par conséquent le montant de la taxe qu'il doit acquitter.

Avec des recettes de 240 millions d'euros annuels, l'investissement devrait pourvoir être comblé en deux ans et demi. Or, la concession qu'a signée le consortium avec l'Etat courant sur onze années et demi, c'est la promesse d'un produit d'un peu plus de deux milliards qui se profile pour les associés du consortium, c'est à dire la société italienne gestionnaire d'autoroutes Autostrade, le groupe Thales, la SNCF, l'entreprise Steria (systèmes informatiques) et l'opérateur de téléphonie SFR.

Soupçons de corruption

Le dispositif créé par la loi de finances pour 2009 a subit plusieurs retards. Prévu pour entrer en vigueur dès 2011, il fut repoussé une première fois à l'été 2012. Puis une seconde fois à la suite d'une plainte d'un consortium concurrent emmené par la société d'autoroutes Sanef dont la candidature fut rejetée et qui, sur des soupçons de corruption, a saisi en février le service central de la prévention de la corruption auprès du garde des sceaux. Une enquête préliminaire est en cours auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine). Ce n'est finalement qu'à compter de mars 2013 en Alsace et juin 2013 sur l'ensemble du réseau national que l'écotaxe poids-lourds devrait être effective.