DSK : la thèse du complot relancée aux Etats-Unis

Par latribune.fr  |   |  741  mots
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Une enquête journalistique publiée par un magazine américain le New York Review of Books faisant état d'indices d'une possible machination contre Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis concernant les accusations d'agression sexuelle d'une femme de chambre a relancé la controverse en France.

Une enquête journalistique faisant état d'indices d'une possible machination contre Dominique Strauss-Kahn aux Etats-Unis concernant les accusations d'agression sexuelle d'une femme de chambre a relancé la controverse en France. Le parti de Nicolas Sarkozy, l'UMP, est notamment visé par cet article qui affirme que des données personnelles du patron du Fonds monétaire international (FMI), alors favori des sondages pour la présidentielle, étaient en sa possession. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a répliqué en qualifiant ces accusations de fantaisistes. " La ficelle est très grosse ", a-t-il dit.

Mais William Taylor, un des deux avocats américains de Dominique Strauss-Kahn, a cependant estimé que cette affaire, qui a précipité la chute de l'ex-directeur général du Fonds monétaire international, était bel et bien relancée. " Nous ne pouvons plus exclure la possibilité que Dominique Strauss-Kahn ait été la cible d'un effort délibéré de le détruire en tant que force politique", écrit-il dans un communiqué publié vendredi. Arrêté le 14 mai à l'aéroport de New York, l'ex-ministre socialiste a été poursuivi pour agression sexuelle et tentative de viol, écroué quelques jours puis placé en résidence surveillée à Manhattan.

Le procureur de Manhattan Cyrus Vance a renoncé en août aux poursuites en raison des doutes sur la crédibilité de la parole de Nafissatou Diallo, femme de chambre du Sofitel de New York, convaincue de mensonges répétés. L'ancien ministre est rentré en France le 4 septembre, mais l'affaire se poursuit au plan civil aux Etats-Unis. Sur TF1 le 18 septembre, Dominique Strauss-Kahn a admis implicitement une relation sexuelle avec la femme de chambre mais nié toute contrainte.

L'enquête du journaliste Edward Jay Epstein publiée par un magazine américain, le "New York Review of Books", met en cause le comportement des représentants du Sofitel et d'Accor, le groupe français qui le possède. "Nous les appelons à avancer une explication complète aux questions soulevées par M. Epstein", a dit Me Taylor, l'avocat de "DSK". Accor n'a pas réagi dans l'immédiat.

Dans l'article, mis en ligne sur le site de la revue, Edward Jay Epstein, qui dit s'appuyer notamment sur les enregistrements des caméras de vidéosurveillance de l'hôtel, rappelle qu'il s'est écoulé une heure entre le moment où la femme de chambre a dit à son superviseur avoir été agressée et le moment où l'hôtel a prévenu la police new-yorkaise. L'article évoque une série de contacts téléphoniques entre des responsables d'Accor. Il écrit également qu'au moment où le chef de la sécurité de l'hôtel, Adrian Branch, vient de composer le 911, le numéro de la police, deux employés de l'hôtel ressortent de son bureau en se congratulant et en se livrant à ce qu'il qualifie "d'extraordinaire danse de célébration qui dure trois minutes". "Il n'y a toujours aucune explication des raisons pour lesquelles le personnel de sécurité a différé l'appel au NYPD qui allait aboutir à un scandale impliquant le possible futur président français (...) Pas plus qu'on ne sait pourquoi ces deux hommes faisaient la fête".

Le journaliste rappelle que Nafissatou Diallo a caché aux policiers être allée dans une autre chambre après la présumée agression. Il écrit également qu'un des téléphones portables de Dominique Strauss-Kahn, un BlackBerry, semble avoir être piraté et qu'il en aurait été informé le matin du 14 mai. Ce téléphone, perdu, n'a jamais été retrouvé. Selon le journaliste, Strauss-Kahn a été alerté le matin de l'affaire par un SMS envoyé par une amie travaillant pour l'UMP qu'un courrier électronique adressé à sa femme Anne Sinclair via ce BlackBerry avait été lu au siège de l'UMP. "On ignore comme les bureaux de l'UMP ont bien pu recevoir cet e-mail, mais s'il venait de son BlackBerry du FMI, il avait des raisons de penser qu'il était peut-être sous surveillance électronique à New York", relève le journaliste. "A 10h07, il appelle sa femme à Paris sur son BlackBerry du FMI et dans une conversation qui a duré environ six minutes lui dit qu'il a un gros problème".

 

Dans une autre enquête judiciaire menée à Lille, il a été découvert que Dominique Strauss-Kahn était au Sofitel pour rencontrer des prostituées apportées par des proches, aujourd'hui en prison en France.