Sciences Po réforme à nouveau son concours d'entrée

Par Clarisse Jay  |   |  696  mots
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L'institut d'études politiques de Paris va revoir de fond en comble son concours d'entrée en première année à la rentrée 2013. Objectif : diversifier le profil de ses étudiants.

Sciences Po Paris n?en n?a pas fini avec les réformes. Ce lundi, son conseil de direction a voté une profonde réforme ses modalités de recrutement en première année, à compter de la rentrée 2013. Le fameux concours d?entrée va être revu de fond en comble. Une information révélée par le site de l?Etudiant et confirmé par l?école dans un communiqué. L?objectif est "de mieux valoriser les parcours méritants, dans une perspective de diversification accrue du corps étudiant", indique l?école. "Nous ne recrutons pas des copies, nous recrutons des individualités", précise Hervé Crès, directeur adjoint, directeur des études et de la scolarité, directeur de l?Ecole doctorale de Sciences Po.

Cette réforme consiste en trois modifications majeures. Tout d?abord, le calendrier est avancé. Les épreuves d?admissibilité auront lieu en mars et celles d?admission, des entretiens oraux, d?avril à juin. Elle seront par conséquent "conditionnelles à l?obtention du baccalauréat", précise l?IEP de Paris. Les candidats devront donc mener de front les révisions du baccalauréat et la préparation et le passage du concours mais ils auront moins de matières à bachoter.

De fait, autre nouveauté, le nombre d?épreuves est réduit. Fin d?un symbole, exit la fameuse "épreuve d?ordre général". Les candidats, qui seront désormais tous présélectionnés sur dossier (les meilleurs pourront être dispensés d?écrits), ne passeront plus que trois épreuves écrites (histoire, langue et une option au choix entre littérature et philosophie, sciences économiques et sociales ou mathématiques). Quand aux oraux, ils consisteront en un entretien de motivation et une épreuve en langue étrangère. Enfin, dernier "chamboulement", pour reprendre les termes de Sciences Po, la procédure d?entrée sur mention Très Bien au baccalauréat disparaît purement et simplement.

Quinze ans de réformes

Ce n?est pas la première fois que l?institution de la rue Saint Guillaume revoit les modalités de son concours d?entrée. Déjà, en 2010, le concours avait été avancé de la fin août à la fin juin et un "entretien de recrutement" mis en place. Pour l?école, qui compte plus de 40% d?étudiants étrangers et définit depuis quelque année son premier cycle comme un "collège universitaire", il s?agissait déjà de coller à l?architecture en cours dans les autres pays.

Pour autant, pas sûr que cette réforme permette d?accroître la diversification de ses étudiants. Certes, sous la houlette de son médiatique directeur Richard Descoings, réélu en avril dernier pour un quatrième mandat de cinq ans, Sciences Po s?est profondément réformé. Des "écoles" (droit, journalisme...) ont été créées, six premiers cycles spécialisés ont été ouverts en région, les cursus et les frais de scolarités ont été revus, les boursiers sont passés de 6% en 2000 à 26% et les effectifs de 5.500 en 2006 à 10.000 aujourd'hui. Le concours n?est plus la seule voie d?accès depuis plusieurs années (trois autres voies existent : la procédure internationale, les conventions Zep et l?admission en double diplôme).

Mais la nouvelle mouture ne va pas forcément moins privilégier les élèves issus de milieux favorisés. A priori, ceux-ci sont mieux armés pour mener de front et les révisions du bac et la préparation du concours et le passage des épreuves. La présélection sur dossier risque aussi de pénaliser les jeunes défavorisés puisqu?elle prendra en compte non seulement le dossier scolaire mais aussi les résultats aux concours nationaux et internationaux ouverts aux lycéens, les notes aux épreuves anticipées du baccalauréat  "mais aussi l?engagement du candidat dans la vie associative, la vie sportive, culturelle, politique ou syndicale". Enfin, l?entretien oral en langue étrangère peut aussi comporter un biais socialement discriminant. Biais qu?il est justement question de gommer dans les concours aux grandes écoles pour faire progresser cette fameuse diversité?.