Le "made in France", nouveau slogan électoral

Par latribune.fr, avec agences  |   |  616  mots
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Pas question pour le président Sarkozy de laisser le thème du "made in France" à ses adversaires. Sa visite ce mardi en Haute-Savoie, dans l'usine de skis Rossignol, a été l'occasion de défendre lui aussi la ré-industrialisation de la France.

"Acheter français", "fabriqué en france", "patriotisme industriel", "produire en France"... A chaque candidat à la présidentielle de 2012 sa formule. Nicolas Sarkozy, bien que candidat non déclaré, a choisi la sienne. Rien de tel alors que de la prononcer à l'usine Rossignol de Sallanches en Haute-Savoie puisque l'entreprise rapatrie depuis un an une partie de sa production de skis délocalisée en Asie.  

"Notre politique, c'est d'encourager les entreprises à produire en France, qu'elles soient françaises ou étrangères", a lancé le chef de l'Etat ce mardi devant les salariés de l'usine Rossignol. "Je ne suis pas par principe contre l'implantation d'usines françaises dans d'autres pays, c'est normal qu'on construise en Chine des voitures qu'on veut vendre en Chine", a-t-il poursuivi, "là où je ne suis pas d'accord, c'est qu'on fabrique à l'étranger des voitures pour les vendre ensuite en France".

"Je préfère même qu'on achète une voiture de marque étrangère produite en France plutôt qu'une voiture française fabriquée à l'étranger et vendue en France", a-t-il insisté. "Ce qui est important, c'est de produire en France (...) si c'est des capitaux étrangers qui veulent s'installer en France pour produire en France, tant mieux !"

Nicolas Sarkozy en a profité pour défendre le label "origine France garantie", décerné à tout produit incorporant au moins 50% de valeur ajoutée tricolore, soit une quarantaine au total. Une façon de piétiner sur les plate-bandes de François Bayrou et de son "label France".

Consommateurs : être citoyen et responsable

Laurent Wauquiez, ministre de l'Enseignement, en a remis une couche ce mardi après la présentation des propositions de son groupe Droite sociale. "En tant que citoyens, on doit tous être responsables: a-t-on le réflexe, quand on achète un produit, de vérifier où il est fabriqué?", a déclaré le ministre. Et d'ajouter : "Est-ce qu'on a le réflexe d'accepter de mettre le 0,5 centime d'euro supplémentaire qui permet de garder l'emploi en France et en Europe? C'est aussi ce patriotisme économique que l'on droit prouver". Pour lui, Parler de frontières européennes et françaises n'est pas un gros mot (...) Les frontières sont aussi le soubassement du made in France".

72% des Français d'accord mais attention à ne pas payer trop cher non plus....

Pas étonnant que la course à la présidentielle embarque avec elle ce thème quand on sait qu'il raisonne favorablement chez les Français. Du moins selon un sondage Ifop. D'après celui-ci, plus de sept Français sur dix (72%) se disent prêts à acheter plus cher un produit fabriqué en France alors que 28% s'y refusent.

Mais l'enquête, pour le compte du Comité des entrepreneurs pour un développement responsable de l'économie (Cedre), montre néanmoins que le prix reste un critère décisif dans le choix du consommateur. Si 76% des consommateurs français affirment regarder la qualité du produit avant son prix, ils sont tout de même 70% à regarder d'abord le prix. Les priortiés s'inversent même quand les dirigeants d'entreprise sont interrogés sur le même sujet.  Selon eux, les acheteurs s'intéressent d'abord au prix (86%), ensuite à la qualité (71%). En revanche, ils ne sont que 15% à regarder le pays de fabrication du produit.

Ils considèrent à 82% que les produits fabriqués en France sont plus chers que ceux fabriqués à l'étranger, contre 15% qui les évaluent au même prix et 3% moins chers.

Enfin, 68%  des consommateurs jugent que l'Etat doit aider à la production nationale et à la relocalisation, quitte à les pénaliser en cas de délocalisation (25%). Quant au label "Made in France", la plupart des personnes sondées estiment qu'il n'est pas assez strict.