Après le tollé qu'a suscité cette circulaire dans l'opposition mais aussi dans l'opinion publique, plsuieurs leaders politiques alliés de la majorité présidentielle se sont dernièrement rangés derrière le feu de la critique. Le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand avait indiqué jeudi qu'il avait "un problème" avec cette circulaire. La semaine dernière, le ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, avait lui aussi été critique samedi : "Je ne veux pas que l'université française ferme ses portes aux étudiants étrangers, je trouve ça absurde. On s'est plantés, et il faut le dire clairement, sur une circulaire qui a donné ce sentiment, qui a donné cette image à l'extérieur", avait-il déclaré.

Jack Lang : "Stopper la catastrophe qui se prépare"

Jack Lang en a rajouté un couche vendredi. "Seul un retrait immédiat de cette circulaire et de ce décret serait de nature à rassurer les étudiants du monde entier, les diplômés étrangers en France, les entreprises qui les recrutent et les établissements d'enseignement supérieur français", a assuré l'ancien ministre dans une lettre adressée au premier ministre, François Fillon.  Ce dernier avait défendu jusque là la circulaire, tout en soulignant l'apport positif des étudiants étrangers.

"Seule une intervention rapide de votre part permettrait de stopper la catastrophe qui se prépare", a ajouté le député PS du Pas-de-Calais.

Lang reconnaît que "la polémique enflant, vous avez tout récemment ouvert la voie à une régularisation pour l'obtention d'une autorisation de travail au cas par cas", mais "faute de directives claires et justes adressées aux préfets, ces régularisations ponctuelles contribuent à entretenir un sentiment d'incertitude et d'insécurité". Pour lui, "alors que la plupart des pays se battent pour attirer dans leurs universités les étudiants les plus doués afin de favoriser l'innovation, source de croissance économique et de création d'emplois, notre pays risque de se retrouver en perte de vitesse dans la compétition internationale".

Il fait valoir que "plusieurs grandes écoles ont reconnu avoir enregistré une baisse des inscriptions d'étudiants étrangers pour l'année prochaine" et "en guise de représailles, certains pays ont d'ores et déjà annoncé leur intention de diminuer le nombre de visas accordés aux étudiants français".

Guéant désavoué par un secrétaire national de l'UMP

Autre revers pour le ministre de l'intérieur, Charles Givadinovitch, secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté, a demandé vendredi dans un communiqué au ministre de l'Intérieur qu'il supprime sa circulaire.

Givadonovitch "en appelle à Claude Guéant pour que l'état de précarité dans lequel se trouvent les étudiants étrangers très qualifiés cesse au plus vite". Il "dénonce une situation absurde où des étudiants et jeunes actifs, éduqués dans le système français au sein de nos universités et grandes écoles se voient refuser un visa de travail".

M. Givadinovitch s'inquiète aussi "de l'image écornée de notre pays à travers le monde causée par les effets de cette circulaire. De nombreux étudiants qualifiés s'interrogent sur le fait de venir étudier en France". "Or, il en va de l'attractivité de notre système éducatif", estime-t-il.

"Cette circulaire va à l'encontre de toute logique économique puisque nos entreprises ont réellement besoin de ces salariés qualifiés qui apportent leur double culture, véritable richesse", ajoute-t-il. "Ayons le courage et l'humilité politique de supprimer cette circulaire afin de ne pas contraindre ces étudiants à aller réussir ailleurs", demande le secrétaire national.

Rencontre avec Nicolas Sarkozy

Guéant, qui annonçait jeudi avoir "noté des malentendus, des interrogations" au sujet de sa circulaire, devait rencontrer Nicolas Sarkozy vendredi à l'Elysée. Le ministre s'était dit "résolu à avoir une concertation approfondie avec les parties prenantes (universités, grandes écoles, patronat) et également à faire une circulaire spécifique sur le travail des étudiants étrangers afin que les cas de figure soient examinés et que les choses soient plus claires dans l'application".

Aucune information n'a pour le moment été communiquée quant à la teneur des échanges entre le ministre de l'Intérieur et le président Sarkozy.