François Fillon entre en campagne

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  610  mots
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Lors de ses vœux à la presse, le Premier ministre a défendu le bilan du quinquennat et n'a pas manqué d'étriller François Hollande.

Le président de la république n'est pas encore candidat mais son Premier ministre lui prépare le terrain, en consacrant une bonne partie de son discours, lors des v?ux à la presse ce lundi, à étriller le candidat socialiste François Hollande. Comment pourrait-il en être autrement. Le bilan des deux hommes est strictement identique... François Fillon est en effet le premier locataire de Matignon depuis le début de la Vème République à avoir "tenu" tout un quinquennat (ou un septennat avant la réforme constitutionnelle). S'il est toujours en fonction en mai prochain, le Premier ministre devancera même Lionel Jospin en terme de longévité à Matignon, se plaçant juste derrière Georges Pompidou qui avait occupé six ans la fonction

L'exercice du bilan n'est pas nouveau pour François Fillon. Le 5 mai 2011, il avait réuni un séminaire gouvernemental, quatre ans après la victoire de Nicolas Sarkozy. Déjà, il avait souligné le "retour de la volonté politique" depuis 2007. Certes, il avait reconnu "quelques échecs" mais pour mieux vanter la réforme des universités, le service minimum dans les transports, la baisse de la délinquance, la réforme des retraites. Autant de points repris lundi devant la presse (à l'exception de la baisse de la délinquance)... Mais, si en mai 2011, François Fillon semblait regretter que le bouclier fiscal n'ait pas été compris "en période de crise", en janvier 2012, à l'inverse, il souligne que les "plus fortunés de nos concitoyens ont été fortement mis à contribution", y voyant la défense par son gouvernement du principe de "justice"... Mais passant un voile pudique sur la réforme de l'Impôt sur la fortune (ISF).

Sans doute pour ne pas laisser son rival Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, occuper seul ce terrain, François Fillon s'est attaqué à maintes reprises à François Hollande avec de mots pas très tendres. Le candidat socialiste à ainsi était taxé de "diabolisation infantile" quand il dresse le bilan du quinquennat. Il l'a aussi accusé d'avoir "la main qui tremble" quant il s'agit de clarifier son projet sur le rapprochement (ou fusion) entre l'IRPP et la CSG ou sur le retour de la retraite à 60 ans.

A l'inverse, bien entendu, Il a loué un "président de la république exceptionnellement courageux", vantant son volontarisme. Une qualité que François Fillon semble ne pas reconnaître à son prédécesseur Jacques Chirac a qui il semble adresser une pique en déclarant "je peux en parler car je l'ai vécu et j'ai vu combien l'excès de précaution, la routine et l'indécision ont paralysé l'urgent et l'indispensable". Il faut dire que lorsque Jean-Pierre Raffarin avait laissé sa place de Premier ministre à Dominique de Villepin le 31 mai 2005, François Fillon n'avait pas été reconduit dans ses fonctions ministérielles... Peu de temps après, il se ralliait à Nicolas Sarkozy.

In fine, sur le plan des réformes économiques et sociales, François Fillon s'associe totalement à Nicolas Sarkozy, et c'est autant au locataire de l'Elysée qu'à lui-même qu'il s'adresse un satisfecit en se félicitant du "gel des dépenses publiques et la réduction de 150.000 fonctionnaires", ce qui relève "d'un exploit dans un pays qui a été si longtemps accoutumé au toujours plus". En revanche, pour ses derniers v?ux de Premier ministre, François Fillon s'est montré nettement plus discret sur d'autres initiatives présidentielles, comme le discours de Grenoble sur les Roms, le débat sur la laïcité, la politique d'immigration. Il n'est pas certain qu'en la matière qui ne dit mot consent...