La chute des températures peut-elle doper la croissance ?

Par Fabien Piliu  |   |  505  mots
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Les températures glaciales entrainent une augmentation de la production d'énergie, stimulant ainsi la croissance. Mais elles provoquent aussi un arrêt des chantiers extérieurs dans le bâtiment et les travaux publics. La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) s'inquiète pour les entreprises du secteur.

Qui sera le plus fort ? Conséquence de la vague de froid, la production d'énergie est en très forte fausse. Depuis deux semaines, pas un jour ne se passe sans qu'un nouveau record de production ou de consommation ne soit battu. Le secteur énergétique affichera donc des bonnes performances au premier trimestre et contribuera positivement au PIB.

« À l'image d'autres aléas climatiques, la baisse des températures a des effets significatifs sur l'activité économique (...).La demande d'énergie en hiver est globalement proportionnelle à la température relevée, toutes choses étant égales par ailleurs. En effet, la consommation d'énergie nécessaire pour maintenir une température donnée à l'intérieur d'un bâtiment est proportionnelle à la baisse de la température extérieure (...). Nous estimons qu'une baisse moyenne de 1°C des températures entraînerait une hausse de plus de 2 % de la
consommation en 'eau, gaz et électricité' et une hausse de l'ordre de 1 % de la production de cette branche. L'effet sur l'ensemble des biens énergétiques serait un peu plus faible puisqu'il recouvre également des produits tels que les carburants, dont l'élasticité aux températures est faible voire nulle », expliquait l'Insee dans une note de conjoncture datée de mars 2010, après que la France ait subi trois vagues de froid consécutives.

Déjà fragilisées par la crise, les entreprises du bâtiment souffrent

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si cette vague de froid ne provoquait pas un arrêt des chantiers dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). « Dans les régions les plus touchées par ces températures glaciales, tous les chantiers en extérieur sont stoppés », explique Patrick Liébus à La Tribune, le président de Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB). « Depuis deux semaines, mon entreprise située dans l'Ain n'a plus d'activité. D'une part, les salariés ne peuvent pas travailler en sécurité et, d'autre part, les matériaux ne peuvent être utiliser. Il est actuellement impossible de couler du béton », constate-t-il

« Certes, les entreprises cotisent pour prévenir les conséquences de ces aléas climatiques. Mais les indemnisations versées aux salariés et aux entreprises ne compensent pas totalement les effets de la chute de l'activité. Déjà frappées par la baisse de l'activité constatée ces derniers mois, les entreprises du secteur risquent d'être encore plus fragilisées  », poursuit Patrick Liébus.

Alors, qui va gagner ? Selon l'Insee, « l'effet des températures sur le secteur des travaux publics est un peu moins prononcé que sur la branche énergie », sauf si le froid devait perdurer pendant un nombre élevé de semaines.

Pour l'instant donc, on peut s'attendre à une éventuelle bonne surprise lors de la publication des chiffres de la croissance au premier trimestre, prévue à la fin du printemps. Pour mémoire, la Banque de France table sur une stagnation de l'activité entre janvier et mars.