Chômage, immigration : Sarkozy prépare son entrée en campagne avec des sujets explosifs

Par Philippe Mabille  |   |  679  mots
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Le président sera bientôt candidat. Il devrait se lancer la semaine prochaine et préparerait une série de meeting, dont Marseille et Paris. Dans un entretien au Figaro Magazine de samedi, il annonce la couleur : à droite toute, et des référendums sur l'indemnisation du chômage et la politique d'immigration.

Sarkozy candidat, c'est pour bientôt ? Peut-être dés la semaine prochaine, à en croire "Le Monde" qui évoque la date du 16 février, suivi d'une série de grands meetings en province (Marseille le 19 février ?) et Paris (Grand Stade dans la semaine du 20 février ?). Les thèmes de campagne, eux, se précisent de jour en jour et sans surprise, le candidat de la rupture de 2007 va mettre le cap à droite. Premier pas dans une stratégie de communication visiblement calibrée au millimètre, après la désormais fameuse "poignée de main" avec son principal adversaire, François Hollande : un grand entretien dans le "Figaro Magazine" samedi dans lequel le chef de l'Etat annonce la couleur de la "Blitzkrieg" qui s'annonce (soutien d'Angela Merkel inclus...).

Alors que François Hollande, largement en tête, et Nicolas Sarkozy font la course en tête des sondage devant Marine Le Pen et François Bayrou, c'est un affrontement classique, droite contre gauche qui s'annonce. Dans le "Figaro Magazine", le président met l'accent sur les "valeurs" pour reprendre la main face à son rival de gauche et annonce des initiatives inédites et spectaculaires, dont l'usage du référendum pour prendre à parti les Français sur les grands sujets de réforme et court-circuiter ainsi les corps intermédiaires traditionnels que sont les syndicats. 

De même que le gouvernement a engagé une "négociation" avec les partenaires sociaux sur la question des accords compétitivité-emploi et le temps de travail (et en cas d'échec, Nicolas Sarkozy a affirmé que l'Etat prendrait alors ses "responsabilités" pour agir"), le candidat-président veut enfoncer le clou sur la question de l'assistanat et de l'indemnisation du chômage. Dans son entretien au Figaro Magazine, le chef de l'Etat évoque en l'absence d'accord entre les partenaires sociaux un référendum pour mettre en oeuvre  "un nouveau système dans lequel l'indemnisation du chômage ne sera pas une allocation que l'on touche passivement', mais une "rémunération" versée "en contrepartie de la formation qu'il devra suivre". Une véritable bombe atomique, en pleine explosion du chômage qui va dépasser d'ici juin la barre (officielle) des 10% de la population active... En clair, les 2,8 millions de chômeurs (4,2 millions selon la définition large) devront tous suivre une formation correspondant aux métiers en tension et accepter une offre d'emploi dans ce secteur, faute de quoi il perdrait ses droits. Une réforme largement inspirée par celle mise en oeuvre par le chancelier social démocrate allemand Gerardt Schröder et bien connu sous le nom de loi Hartz IV (du nom du ministre du travail).

Deuxième sujet explosif avancé dans le Figaro Magazine : l'immigration et le droit des étrangers. Les contentieux en la matière seraient confiés à la juridiction administrative ce qui faciliterait les expulsions pour les étrangers en situation irrégulière. Là aussi, même s'il reste plus évasif, Nicolas Sarkozy n'exclut pas de prendre les Français à témoin par référendum.

La campagne éclair de Nicolas Sarkozy s'apprête donc à démarrer sur les chapeaux de roue, son objectif étant, comme en 2007, de faire la course en tête sur le terrain des idées choc. A nouveau aidé par Emmanuelle Mignon, l'ancienne directrice des Etudes de l'UMP passée un temps chez Luc Besson après n'avoir pas réussi sa greffe à l'Elysée, le président de la République, placé cette fois en position de challenger, ne va visiblement reculer devant aucune audace pour retrouver la confiance des Français. Opération reconquête de l'électorat populaire et ouvrier reparti vers le Front National et crucial pour une éventuelle réelection. Les mois de février ont toujours marqué les retournements d'opinion. On l'a vu en 1995 avec le duel Chirac-Balladur ou en 2002 avec l'effondrement du vote Jospin. Pour François Hollande, malgré sa confortable avance, les choses sérieuses vont vraiment commencer. A-t-il lui aussi des surprises dans son escarcelle ?