Quand François Hollande drague la City

Par latribune.fr  |   |  620  mots
Dans des déclarations aux journaux britanniques, le candidat socialiste à l'élection présidentielle se défend de toute agressivité à l'égard du monde de l'argent et dit se rapprocher de la position du président américain, Barack Obama. Photo : Reuters
Après avoir désigné "le monde de la finance" comme son principal adversaire, le candidat socialiste tente de rassurer la City. Le parti communiste et l'ensemble de l'extrême gauche, en particulier Jean-Luc Mélenchon, ont vivement réagi aux interviews qu'il a accordées à la presse britannique.

 L'extrême gauche française a peu apprécié les propos de François Hollande à la presse anglo-saxonne visant à rassurer le monde de la finance, qu'il avait présenté plus tôt dans sa campagne comme son "principal adversaire".  Dans des déclarations publiées en début de semaine dans des journaux comme The Guardian, The International Herald Tribune et The Financial Times, le candidat socialiste à l'élection présidentielle se défend de toute agressivité à l'égard du monde de l'argent et dit vouloir se rapprocher sur ce thème de la position du président américain, Barack Obama. L'élu socialiste affirme aussi que la France de 1981, date de l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, qui avait convié des communistes au gouvernement, n'a rien à voir avec celle de 2012, où "il n'y a plus de communistes".

"Les électeurs de gauche apprécieront"

"La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans au cours desquels nous avons libéralisé l'économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n'y a rien à craindre", ajoute François Hollande, qui sera à Londres le 29 février.  Dans un communiqué rageur où il rappelle qu'il compte "132.000 adhérents" et "10.000 élus", le Parti communiste français (PCF) ironise :"Cela a le mérite d'être clair, les électeurs de gauche apprécieront". Dans son premier grand meeting, le 22 janvier au Bourget, François Hollande avait désigné le "monde de la finance" comme son principal adversaire, réaffirmant sa volonté de taxer les transactions financières et de réajuster la fiscalité au détriment des Français les plus aisés.
Selon The Guardian, François Hollande a déclaré qu'il n'était pas "agressif" ni considéré en France comme quelqu'un de très à gauche en matière de la régulation de la finance.

Un hommage à Tony Blair

"On pourrait dire qu'Obama et moi avons les mêmes conseillers", a-t-il dit, ajoutant que son souhait de voir la finance mieux régulée était conforme à la volonté de "l'opinion publique" européenne et des autres candidats à l'élection présidentielle, y compris le président Nicolas Sarkozy - dont l'officialisation de candidature est attendue incessamment. François Hollande a rendu hommage à Tony Blair, un homme "tellement intelligent qu'il n'avait pas besoin d'être arrogant". Mais il a aussi reproché à l'ancien Premier ministre britannique d'avoir "succombé à l'idée dominante selon laquelle les marchés pourraient s'autoréguler et à la notion selon laquelle les marchés et le libéralisme pouvaient être facteur de croissance (...) On a vu les conséquences.

Une "attitude hautaine insupportable" pour Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidentielle sous l'étiquette Front de gauche, note de son côté une certaine arrogance chez son adversaire socialiste."Il y a de la part de Francois Hollande une attitude hautaine à l'égard du reste de la gauche qui commence à être assez insupportable", a déclaré à la presse à Paris l'eurodéputé, crédité de 7% à 9% des intentions de vote. Eric Coquerel, son conseillier spécial, s'interroge : "Pensait-il que les électeurs de gauche ne savaient pas lire l'anglais ? En tous les cas, ses propos, s'ils ne les désavouent pas, sont désespérants". Quant à l'ancienne ministre communiste Marie-George Buffet, elle fait un lien entre la prestation de François Hollande et celle de la star américaine Meryl Streep, qui campe l'ex-Premier ministre britannique conservateur Margaret Thatcher dans un film récemment sorti en France, "La Dame de fer".
"Ce n'est pas parce que Meryl Streep redore la beauté de Margaret Thatcher qu'il faut se laisser séduire par les sirènes du libéralisme. La gauche ce n'est pas ça", écrit-elle dans un communiqué.