Hollande veut renouer avec une vraie politique industrielle

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  498  mots
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En réponse à la visite du candidat-président chez Alstom, l'équipe de campagne de François Hollande a dévoilé quelques axes de sa politique industrielle pour la France

 "La politique des coups de fil ne fait pas une stratégie industrielle". Alain Rousset, responsable du "Pôle productif" au sein de l'équipe de campagne de François Hollande, n'a pas mâché ses mots mardi après la visite de Nicolas Sarkozy chez Alstom où il assuré qu'il ne laisserait pas tomber les salariés du site menacé d'Arcelor Mittal de Florange; promettant de " téléphoner au propriétaire". Rappelant les précédents de Lejaby et de Photowatt, des entreprises sauvées in extremis par des proches du président, Alain Rousset a regretté cette politique du coup par coup et l'absence totale de vision stratégique de la politique industrielle française qui , selon lui, expliquerait la perte des 750.000 emplois industriels en dix ans.


Attirer l'épargne placée en assurance vie


Celui que l'on présente, déjà, comme le possible ministre de l'Industrie d'un futur gouvernement de gauche a souhaité aller au fond des choses et a exposé ce que serait la politique industrielle de l'éventuelle nouvelle majorité, basée sur "un financement, une stratégie et un accompagnement". Côté financement, le PS veut absolument drainer l'épargne vers le développement de l'industrie. D'où l'idée de doubler le plafond du Livret développement durable qui pourrait rapporter de 18 à 20 milliards. Ce qui permettrait à la future banque publique d'investissements d'accorder des prêts, sans dépendre, comme Oseo actuellement, d'un accord avec une banque privée. Un futur gouvernement socialiste se propose aussi d'accorder 200 millions supplémentaires au crédit d'impôt recherche. Enfin, fait nouveau, Alain Rousset a lancé l'idée qu'il conviendrait de réfléchir à un système permettant de " flécher" les quelque 1.435 milliards d'euros d'épargne placés en assurance-vie vers l'industrie.

Favoriser les mises en réseaux pour faciliter l'exportation

Côté stratégie, il s'agirait de définir de vraies priorités européennes dotées de fonds propres. Alain Rousset a ainsi regretté que l'actuel et pourtant très stratégique programme Galileo n'ait pu être financé que grâce à des excédents de la... politique agricole commune (Pac). Il conviendrait aussi de revoir la politique des commandes publiques. A cet égard, Alain Rousset s'est étonné que la fabrication de la carte Vitale soit partie en Inde et celle des chaussures des commandos de l'armée en Autriche !. Autres axe : Il propose d'instaurer un dialogue entre les grandes entreprises donneuses d'ordres et les PME sous traitantes.

S'agissant de l'accompagnement, Alain Rousset veut favoriser des mises en réseaux d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) afin qu'elles mettent en commun leur moyens pour exporter et leurs investissements dans la recherche &  développement. Enfin, la politique industrielle ne peut être que décentralisée. Alain Rousset, par ailleurs président de l'Association des régions de France, souhaite que les régions puissent participer au développement des industries, via une montée en puissance des actuels "fonds de co investissement".