La France en panne de créations d'emplois

Par Jean-Christophe Chanut avec AFP  |   |  523  mots
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Selon des données corrigées de l'Insee, la France détruit des emplois depuis la mi 2011, avec, notamment, 22.600 poste en moins au quatrième trimestre. Le secteur de l'intérim est le premier concerné, tout comme l'emploi industriel.

La statistique va nécessairement être largement commentée en cette période électorale, alors que l'emploi reste toujours et encore la première préoccupation des Français. Selon les données publiées par l'Insee, l'économie française détruit des emplois depuis mi-2011. L'Insee, qui a révisé jeudi ses chiffres sur l' emploi salarié, a annoncé que l'économie avait détruit 22.600 postes au 4e trimestre et 31.500 au troisième, rompant ainsi avec une tendance positive depuis fin 2009.
Ce sont surtout les données du 3e trimestre qui ont été fortement révisées puisque l'Institut national de la statistique tablait jusqu'à présent sur un solde légèrement positif de 3.600 postes créés sur cette période. Finalement donc, le solde est largement négatif. Les données du 4e trimestre ont en revanche été moins catastrophiques puisque l'Insee avait avancé mi-février le chiffre de 31.900 destructions d' emplois.

Les perspectives pour 2012 s'annoncent négatives

Au final, l'économie perd des emplois depuis deux trimestres consécutifs et non plus un seul comme le laissaient penser les données provisoires. La France n'avait plus perdu d' emplois depuis fin 2009. Pour 2012, l'Insee maintient sa prévision de 61.000 destructions d' emplois au premier semestre, qui pourra être corrigée lors de la prochaine note de conjoncture fin mars. Rien d'étonnant à cela, alors que le taux de chômage pourrait atteindre 10% à la fin du premier semestre. D'ailleurs, selon la dernière livraison de l'enquête de conjoncture dans l'industrie et les services, publiée par la Banque de France, l'activité industrielle s'est légèrement repliée en février en raison de la baisse enregistrée notamment dans les secteurs de l'automobile en particulier et de la métallurgie en général. Pis, le taux d'utilisation des capacités de production est resté éloigné de son niveau moyen de longue période.
A noter que l'Acoss (l'organisme de la Sécurité sociale qui coiffe les Urssaf) a publié pour sa part des chiffres différents : l' emploi serait en effet resté quasi-stable au 4e trimestre avec 9.300 emploi s nets créés sur les trois mois. Mais il est vrai que le champ d'étude de l'Insee et de l'Acoss est un peu différent.


L'intérim et l'industrie souffrent

Dans le détail, pour le 4e trimestre, l'Insee observe que la grande majorité des destructions d' emplois ont concerné l'intérim avec 21.100 emplois en moins (-3,6%). Hors intérim, l' emploi est resté stable avec 4.900 postes en plus dans le tertiaire. Phénomène classique, puisque les entreprises commencent toujours par supprimer les emplois  "périphériques" avant, si nécessaire, de s'attaquer au noyau dur (les salariés en CDI).
Les secteurs de l'industrie et de la construction sont, en revanche, dans le rouge au dernier trimestre 2011 avec respectivement 1.700 postes en moins (-0,1%) et -4.600 (-0,3%)... Le très nette ralentissement de la croissance est passé par là. Au final, sur un an, grâce à un début d'année 2011 un peu plus positif, l'emploi salarié est resté en modeste hausse (+0,4% avec 67.300 postes créés).