Sarkozy tacle l'Europe pour se réconcilier avec la France du "non"

Par Ivan Best  |   |  531  mots
Photo AFP
A Villepinte, le président sortant s'en est pris au fonctionnement actuel de l'Europe, agitant la menace d'une sortie de la France des accords de Schengen et réclamant une refonte de la politique commerciale.

Les proches de Nicolas Sarkozy avaient laissé entendre que le président sortant allait dévoiler son programme, ce dimanche à Villepinte, près de Paris, devant plus de 50.000 militants UMP. Il n'en en a rien été. Le candidat soutenu par l'UMP a surpris en changeant d'angle d'attaque, tout en poursuivant, au fond, la même stratégie qu'en 2007, à savoir l'asséchement du vote extrême. L'angle retenu ce dimanche, c'était l'Europe: Nicolas Sarkozy, tout en s'affirmant européen convaincu, s'en est pris au fonctionnement des institutions européennes, aux "technocrates" -il les a nommés ainsi- de Bruxelles. Il dénonce dans l'Europe actuelle l'absence de de prise en compte de la volonté des peuples, le primat constamment donné à la défense de la concurrence ("L'Europe qui ne pense qu'au consommateur"..), au risque de faire disparaître l'industrie européenne, et de susciter un rejet, à force "d'ignorer les angoisses des citoyens". Un clin d'oeil appuyé à la France du "non", qui a refusé le traité europén qui lui était soumis à réferendum en 2005, qu'elle soit d'extrême droite ou d'extrême gauche.

"Je serai critiqué, mais je m'en moque"

Que faire, alors ? Le président sortant, qui s'est accomodé pendant cinq ans des institutions européennes telles qu'elles fonctionnent suggère deux thèmes d'action. D'abord, la réforme du traité de Schengen, qui régit la libre circulation des personnes. Nicolas Sarkozy en a assez "que l'Europe ne maîtrise pas les entrées sur le territoire" , il exige donc une révision des accords de Schengen, réclamant même un "gouvernement politique de Schengen", en lieu et place de la gestion et l'application de cet accord par des fonctionnaires. Et si, "dans les 12 mois qui viennent", le dossier n'a pas avancé, "la France suspendra sa participation aux accords de Schengen". Une menace qui heurtera certainement les partenaires européens, mais le candidat Sarkozy y répond par avance; "je serai critiqué, mais je m'en moque!".

"Il n'y pas que le commerce, aussi des hommes qui souffrent"

Même tonalité s'agissant de la politique commerciale de l'Europe, aujourd'hui définie par la commission de Bruxelles, et jugée trop faible face à la concurrence déloyale menée par certains pays: le président sortant ne veut plus de ce fonctionnement, soulignant "qu'il n'y pas que le commerce, il y a des hommes qui souffrent", et réclamant en conséquence que les chefs de gouvernement et d'Etat soient à l'avenir décisionnaires en la matière. Une réforme explosive, mais, en l'occurence, Nicolas Sarkozy n'assortit cette exigence d'aucune menace. Il veut en outre que "l'Europe se dote d'un +Buy European Act+ sur le modèle du +Buy American Act+ pour que les entreprises qui produiront en Europe bénéficieront de l'argent public européen"."La France exigera que désormais les PME européennes aient une part des marchés publics qui leur soit réservée", ajoute Nicolas Sarkozy, assurant que si sur ces deux points des progrès n'étaient pas réalisés dans les "douze mois", la France "appliquera unilatéralement sa propre charte des PME jusqu'à ce que les négociations aboutissent".