Sarkozy se veut père la rigueur et protecteur du peuple

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  856  mots
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Lors de sa première conférence de presse depuis le début de la campagne, le candidat-président a de nouveau manifesté sa volonté de renouer "avec le peuple". Il n'a émis que très peu de propositions nouvelles mais a de nouveau plaidé pour une diminution drastique des dépenses publiques.

Elisez-moi de nouveau où il va y avoir un malheur. C'est en substance le message qu'a voulu faire passer Nicolas Sarkozy jeudi, lors de sa première conférence de presse en tant que candidat. L'occasion était belle, alors que la France a connu ce même jour un petit coup de chaud sur ses taux obligataires :" le moindre relâchement, la moindre distance avec une politique rigoureuse et c'est la crise de confiance qui se traduira par une augmentation des taux d'intérêt. Pas un Français ne souhaite vivre ce qui se passe en Espagne", a lancé Nicolas Sarkozy. L'actuel locataire de l'Elysée a donc décidé de ne pas dévier de la ligne qu'il s'est fixé depuis le début de la campagne : un président protecteur, défenseur des faibles, attaché aux valeurs de " l'autorité" et du "travail". Manifestement, encore une fois, c'est l'électorat populaire qui est visé. D'où son énième appel à recourir à deux éventuels referendums en cas de blocage des "corps intermédiaires".

"L'assistanat"  de nouveau dénoncé

Le premier pour modifier l'organisation de la formation professionnelle qui doit davantage profiter aux chômeurs. Le deuxième, sur ce qu'il appelle le "contentieux de l'immigration" qui doit relever du seul juge administratif, aux dépens du juge judicaire. Ainsi encore, sa dénonciation de "l'assistanat", d'où sa volonté de rendre obligatoire pour les bénéficiaires du RSA d'effectuer 7 heures d'activité d'intérêt général par semaine. Toujours pour flatter cette "France d'en bas", le candidat-président s'est également engagé à réduire le train de vie de l'Etat, ce qui passera notamment par une "diminution d'environ 10% du nombre des parlementaires"...

Attaque contre les fonctionnaires de Bruxelles

Et par une dénonciation des dépenses trop élevées de la Commission européenne : "les fonctionnaires de Bruxelles on été augmentés de 7% entre 2008 et 2009 et leur nombre a augmenté de 3.000 sur le quinquennat ". D'ailleurs, il a indiqué que la France plaiderait pour une stabilisation du budget européen, ce qui représenterait une économie annuelle de 600 millions d'euros chaque année pour la France. On est loin des grands discours pro-européens avec Angela Merkel...
Séduire l'électorat populaire, certes, mais sans oublier la rigueur. D'où sa volonté de réaliser 75 milliards d'euros d'économies sur les dépenses d'ici 2016 pour parvenir à l'équilibre budgétaires. Grâce à son action, le président-candidat estime que 39 milliards d'économie ont déjà été bouclées où sont en cours. Reste donc à trouver 36 milliards. Une partie de cette somme (7 milliards) sera trouvée grâce à des économies trouvées sur les dépenses de personnel de l'Etat et des collectivités locales.

Les collectivités locales dans la ligne de mire

Car, cette fois c'est dit, Nicolas Sarkozy veut imposer aux collectivités locales de plus de 30.000 habitants l'exercice de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et, notamment,  la règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite (qui rapporterait 2,5 milliards)... Une véritable déclaration de guerre à l'actuelle opposition, qui  "tient" la majorité des collectivités locales. La Sécurité sociale sera également mise à contribution (à hauteur de 13 milliards entre 2013 et 2016), en fixant chaque année un objectif de progression des dépenses d'assurance-maladie (Ondam) à 2,5%. Ce qui passera par "la poursuite des efforts de bonne gestion de l'hôpital" et par une limitation des dépenses de médicaments... Mais pour ne pas décourager les personnes âgées très sensibles à la politique de la santé, Nicolas Sarkozy a annoncé une nouvelle mesure (la seule d'ailleurs) : s'il est réélu, dès juillet, les pensions de retraite seront perçues dès le premier jour du mois et non plus à la fin de la première semaine... Une idée chère au ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui la défendait depuis 2010.


Un grand oublié: le chômage

Un sujet a brillé par son absence dans la présentation du président-candidat : le chômage, pourtant la première préoccupation des Français. Chat échaudé craignant l'eau froide, il a refusé de fixer un objectif en matière de taux de chômage à atteindre à la fin du quinquennat... A la différence de 2007, où il tablait sur un taux de chômage ramené à 5% en 2012 ; or, il risque de dépasser 10% à la fin juin. D'une façon générale, Nicolas Sarkozy n'a pas souhaité s'appesantir sur son bilan, préférant dénoncer les projets fiscaux de François Hollande et  "le matraquage fiscal promis aux familles et aux classes moyennes".

Une "lettre au peuple français"

Certes, il se rattrape un peu dans la très mitterrandienne "Lettre de Nicolas Sarkozy au peuple français", d'une trentaine de pages, qu'il a décidé d'envoyer à une grande partie de la population, notamment rurale. Enfin, etait-ce l'effet du retour nocturne de son déplacement à La Réunion? Nicolas Sarkozy est apparu pas en très grande forme devant la presse. Une heure après, il annulait son intervention prévue devant les étudiants de Sciences Pô Paris.