Présidentielle à J-7 : c'est la lutte finale !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  843  mots
Copyright Reuters
A une semaine de l'échéance du premier tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tenté de galvaniser leurs troupes lors de deux meetings monstres à Paris. Le premier a infléchi son discours sur l'Europe en demandant à la BCE de se soucier de la croissance. François Hollande, lui, a parlé de "nouvelle frontière"... sans s'étendre sur son programme de réduction de la dette.

 

Dans une semaine, dimanche 22 avril, on connaîtra les noms des deux candidats qualifiés pour le deuxième tour du scrutin présidentiel du 6 mai. En attendant cette échéance, la plupart des concurrents ont tenu ce dimanche des meetings destinés à galvaniser leurs troupes... et à montrer que Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) n'avait pas le monopole du rassemblement monstre. Ainsi, quasiment à la même heure, à Paris, François Hollande (esplanade du chateau de Vincennes) et Nicolas Sarkozy (place dela Concorde) ont rassemblé chacun près de 100.000 partisans, selon les organisateurs respectifs. Certes, pas de réelle nouveautés dans les discours des deux candidats mais plutôt des appels à la mobilisation finale.

"Majorité silencieuse" contre "nouvelle frontière"

Chacun espérant virer en tête au soir du premier tour. Nicolas Sarkozy, à la peine dans les derniers sondages, en a appelé à "la majorité silencieuse", référence au 30 mai 1968, quand, après un mois de vive agitation, une énorme manifestation de soutien au général de Gaulle avait descendu les Champs-Elysées pour se retrouver.... place de la Concorde. "Prenez votre destin en main, dressez-vous, prenez la parole, dites ce que vous avez sur le coeur, dites ce que vous voulez pour votre pays, dites le haut, dites le fort, dites le maintenant. Peuple de France, n'ayez pas peur, ils ne gagneront pas si vous décidez que vous voulez gagner (...) Peuple de France, entends mon appel. Françaises, Français, aidez-moi, aidez la France" a lancé le président-candidat, reconnaissant ainsi explicitement qu'il n'est pas actuellement le mieux placé. A quelques encablures, François Hollande, lui, à l'inverse, demandait à ses supporters de ne pas se laisser griser et de rester mobilisés durant cette dernière semaine. Et, dans des accents empruntant à John Kennedy il s'est fixé pour but d'atteindre "une nouvelle frontière pour une nouvelle France". 

Le débat européen relancé

Mais, au-delà des postures, dans cette dernière ligne droite, il est manifeste que les deux candidats favoris des sondages tentent d'étendre leur vision à plus long terme. François Hollande avec sa "nouvelle frontière" donc mais aussi sur le rôle de l'Europe et de la France dans l'Europe. Pour lui, une victoire de la gauche le 6 mai dans l'Hexagone aura un effet d'entraînnement pour d'autres pays. Voulant émanciper la France de l'Allemagne, on le sait, il veut absolument, contre l'avis d'Angela Merkel, pouvoir renégocier le Traité européen de discipline budgétaire, signé en mars, pour y ajouter un chapitre dédié à des mesures de croissance. Un appel qui commence à produire quelques effets, des voix s'élevant ici et là (notamment dans la presse anglo saxonne) pour soutenir cette initiative.

Nicolas  Sarkozy veut que la BCE se soucie dela croissance

D'ailleurs, et c'est une première, Place de la Concorde, Nicolas Sarkozy a semblé lui même reprendre cette thématique mais par un autre biais: "Sur le rôle de la Banque centrale européenne dans le soutien à la croissance, nous allons aussi ouvrir le débat et nous allons faire avancer l'Europe (...) si l'Europe ne veut pas perdre pied dans l'économie mondiale, elle doit absolument renouer avec la croissance". Déjà, lors de sa première campagne de 2007, le candidat-président s'était interrogé sur le rôle de la BCE, ne voulant pas le limiter à celui de gardien du temps de l'orthodoxie monnétaire et de rempart contre l'inflation. Nicolas Sarkozy semble récidiver. Est-ce un jalon posé pour une remise en cause de la sacro sainte indépendance de la BCE? Une critique à peine voilée d'un taux de change de l'euro surévalué qui nuirait à la croissance et l'emploi? Sans doute...

Des candidats silencieux sur les coupes dans les dépenses

Sur le terrain de la rigueur qui va nécessairement s'imposer à la France pour rétablir l'équilibre budgétaire (en 2016 pour Nicolas Sarkozy; en 2017 pour François Hollande), les deux candidats sont restés silencieux. Certes, ce n'était ni l'endroit ni le moment. Il n'empêche, dans la dernière lignes droite, et malgré des semaines de campagne, les deux postulants restent encore très flous quand il s'agit d'énoncer de manière très concrète dans quelles dépenses il va bien falloir couper pour réduire une dette qui atteint 88% du PIB. François Hollande qui promet, en cas de victoire, un été législatif surchargé, n'a jamais vraiment indiqué sur quel poste il comptait faire tomber le couperet, préférant insister sur les 29 milliards de recettes supplémentaires qu'il engrangerait via une réduction des "niches fiscales" et en revenant sur les "cadeaux fiscaux". Nicolas Sarkozy a été à peine plus précis en annonçant vouloir imposer aux collectivités territoriales la "révison générale des politiques publiques (RGPP) et en limitant la progression des dépenses de la Sécurité sociale. Dans tous les cas de figure, une fois passée la phase d'euphorie électorale, il va y avoir des lendemains difficiles.