J-5 : une fête du travail triplement politique

Par Julien Bonnet  |   |  837  mots
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En ce 1er mai d'entre-deux-tours, la journée a été marquée par les défilés à Paris du Front National et des syndicats ainsi que la "vraie fête du travail" de l'UMP au Trocadéro. Le leader de la CGT Bernard Thibault a appelé à voter Hollande et Marine Le Pen a indiqué qu'elle voterait blanc dimanche et mis le cap sur les législatives. Nicolas Sarkozy a fustigé la gauche et les syndicats devant des dizaines de milliers de militants cet après-midi au Trocadéro.


Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault votera Hollande au second tour

Interrogé sur Europe 1 avant la traditionnelle mobilisation syndicale du 1er mai, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a affirmé que son syndicat appelle "à battre le président de la République actuel". "Le quinquennat, ça a été travailler plus pour gagner moins. Ca a été travailler plus longtemps pour avoir des plus petites retraites. Ca a été plus de flexibilité. Ca a été le blocage du Smic", a dénoncé le leader de la CGT, disant juger Nicolas Sarkozy sur son "bilan social et économique" et ses "intentions". Il a jugé que le 1er mai avait cette année une "symbolique particulière" en raison du contexte électoral, mais aussi par le fait "que le président de la République ait voulu aussi pour la première fois baliser le terrain à sa manière", en organisant un rassemblement parallèle. "Il y a une importance particulière à ce que les cortèges syndicaux soient particulièrement fournis aujourd'hui", a résumé Bernard Thibault.

Marine Le Pen : "Dimanche, je voterai blanc, et en juin Bleu Marine !"

C'est après le discours de son père et fondateur du parti qu'elle dirige actuellement que Marine Le Pen a pris la parole pendant un peu plus d'une heure Place de l'Opéra. Sa consigne de vote était particulièrement attendue après son score de près de 18%  au premier tour de la présidentielle, le 22 avril dernier. "Dimanche, je voterai blanc" a-t-elle finalement affirmé en fin de discours tout en précisant que, si elle même avait "fait son choix", elle laisse aux Français leur liberté: "chacun d'entre vous fera le sien (car) je me bats tous les jours pour que vous soyez respectés (...), vous voterez donc selon votre conscience, librement". Pendant que la foule scandait des "Hollande-Sarko, c'est pareil !", la leader du Front National a ajouté qu'à titre personnel, elle se détournerait de "ces mirages".

Mais, misant sur un morcellement de la droite aux prochaines législatives, Marine Le Pen a axé une grande partie de son discours sur cette échéance, afin de "rendre l'Assemblée nationale au peuple de France". Elle a ainsi appelé Nicolas Sarkozy à préciser s'il se positionnera ou non en faveur des députés du "Rassemblement Bleu Marine", étiquette sous laquelle ses candidats se présenteront en juin. En cas de duel avec un candidat de gauche, Marine Le Pen a rappelé que le candidat-président s'était pour le moment positionné pour un vote blanc 'tout en étudiant les qualités du candidat socialiste"; quand François Hollande a lui indiqué qu'il appellerait à voter pour le candidat de l'UMP. Elle a enfin cité la Roumanie et les Pays-Bas comme exemple soulignant que "le parti de M. Wilders a empêché la mise en place d'un nouveau plan d'austérité".

Plus tôt, elle avait rappelé que la fête du travail était "la fête de tous les travailleurs" mais aussi celle "des chômeurs des retraités et des précaires" avant de citer "agriculteurs, malades et handicapés". Elle s'est ensuite félicitée de son "extraordinaire réussite" à cette élection présidentielle après avoir mené une campagne  qui a permis de "toucher l'âme et l'intelligence des Français". "Nous sommes devenus le centre de gravité de la vie politique française, a t-elle claironné, nous posons les fondations de notre proche arrivée au pouvoir".

Florian Philippot, porte-parole du FN, ne croit pas en une victoire de Nicolas Sarkozy

L'un des porte-parole de Marine Le Pen, Florian Philippot a indiqué ce mardi qu'il voterait blanc au second tour de la présidentielle. "Je ne peux pas choisir entre deux politiques strictement identiques" qui défendent "l'Europe de Bruxelles, le même ultra-libéralisme", a-t-il expliqué sur la chaîne d'information LCI. "Je ne peux pas choisir entre deux politiques strictement identiques" qui défendent "l'Europe de Bruxelles, le même ultra-libéralisme", a-t-il expliqué. "Les Français ont goûté à la droite et à la gauche ces trente dernières années. Quinze ans de gauche et quinze ans de droite, c'était la même politique", a-t-il ajouté. Au sujet de Nicolas Sarkozy, Florian Philippot a estimé que "son opération de drague électoraliste, de séduction, de clin d'oeil appuyé, répété, quotidien, à l'électorat de Marine Le Pen est un peu grossière. "C'est un peu grossier pour que ça marche, à mon avis. Mais nous verrons bien". "Je ne pense pas honnêtement" que Nicolas Sarkozy sera réélu, a-t-il pronostiqué. Le représentant a déjà les législatives en ligne de mire "C'est très important, si les Français veulent donner un peu de souffle dans cette vie politique française, s'ils veulent bousculer un peu cette élite de droite et de gauche qui se succèdent au pouvoir. C'est la fausse alternance".