A droite, la guerre des "trois" semble inévitable

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  760  mots
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Nicolas Sarkozy parti, la question du leadership de l'UMP et de la droite se pose. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, ne cache pas ses ambitions pour 2017. Mais le Premier ministre sortant, François Fillon, pourrait lui barrer la route, surtout si une alliance avec le FN se dessine. Alain Juppé, très populaire au sein du mouvement, pourrait lui aussi jouer sa carte.

A droite, dès ce soir, la situation est totalement inédite. Nicolas Sarkozy, battu, devrait se retirer de la vie politique comme il l'avait annoncé. Qui peut alors prétendre au leadership dans la perspective d'une revanche en 2017 ? Le combat risque d'être âpre. En 1981, après la défaite de Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand, c'est quasi naturellement que Jacques Chirac, patron de feu le RPR, s'était imposé comme chef de l'opposition. En 1988, battu à son tour par François Mitterrand, le même Jacques Chirac a réussi à garder la main après avoir mis fin à la fronde des jeunes rénovateurs (menée par Michel Noir) en 1989 et, surtout, après voir maté la révolte du tandem Séguin/Pasqua en 1990. Personne donc, pour contester le maire de Paris. En ce mois de mai 2012, rien de tout ça. Persuadé d'effectuer un second mandat, Nicolas Sarkozy n'a adoubé aucun successeur potentiel. Au contraire, il a plutôt divisé son entourage pour mieux régner.

Trois hommes pour un fauteuil

Trois hommes émergent cependant... et quelques outsiders. Jean-François Copé, tout d'abord. Secrétaire général de l'UMP, il a la haute main sur le parti, ayant nommé à des postes clés une jeune garde qui lui semble acquise... pour l'instant. A 48 ans, le maire de Meaux ne cache pas ses ambitions présidentielles. Doté d'un flair politique certain, il a su résister à Nicolas Sarkozy. Gardant son indépendance tout en affichant un soutient indéfectible. Jean-François Copé a cependant un problème immédiat à régler qui pourrait peser sur son avenir politique : gérer les législatives des 10 et 17 juin. Or, d'après certaines projections, le Front National (FN) est potentiellement susceptible d'atteindre 12,5% des inscrits dans 345 des 566 circonscriptions lors du premier tour. Les candidats FN pourront ainsi se maintenir au second tour et provoquer des "triangulaires" mortelles pour l'UMP... y compris dans le propre fief de Jean-François Copé, en Seine-et-Marne.

Dans ce contexte, acceptera-t-il de passer des alliances avec le FN pour sauver des circonscriptions ? En bon pragmatique, ce n'est pas impossible et ce sera probablement le v?ux de "la droite populaire", la mouvance de l'UMP la moins hermétique aux idées du FN. Dans un tel cas de figure, François Fillon, 58 ans, qui ne cache pas non plus ses ambitions, se dressera devant lui. Le futur ex premier ministre de Nicolas Sarkozy n'attend qu'un faux pas de Jean-François Copé pour sonner la charge contre lui. Il n'acceptera pas une alliance, même de circonstance, avec le FN. Lui aussi se verrait bien en nouveau chef de la droite. Et pour asseoir sa stature, on lui prête l'intention de viser la Mairie de Paris en 2014. Quoi qu'il en soit, il ne fera aucun cadeaux à son "ami" Copé.

Juppé veut préserver l'UMP

Pour l'épauler dans son combat, François Fillon sait pouvoir compter sur Alain Juppé, le "père" de l'UMP. A 67 ans, le maire de Bordeaux a sans doute abandonné ses ambitions présidentielles (il aura 72 ans en 2017). Il n'empêche qu'il pourrait jouer la carte du conciliateur et reprendre la tête de l'UMP, lors d'un prochain congrès qu'il a d'ailleurs déjà implicitement appelé de ses v?ux. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac ne tolèrera pas non plus que "son" parti dérive vers un FN même relooké. Alain Juppé cherchera plutôt a tenter de préserver l'UMP en l'ouvrant vers le centre et en l'organisant en tendances.
Copé, Juppé, Fillon vont donc certainement se disputer le leadership dans les semaines qui viennent. Mais tous ont un point commun : ils vont se retrouver sur une corde raide pour éviter l'implosion de l'UMP.

Un outsider, Xavier Bertrand

Reste que d'autres prétendants à la succession de Nicolas Sarkozy pourraient aussi pointer leur nez... dans quelques temps. Il en va ainsi, par exemple, de Xavier Bertrand, le ministre du travail sortant. A 47 ans, l'élu de Saint Quentin a déjà dirigé l'UMP, juste avant son meilleur ennemi Jean-François Copé. Ces deux là s'observent et se jaugent depuis dix ans. Xavier Bertrand, fin politique, a grimpé toutes les marches au sein du parti présidentiel. Et son ambition ne semble toujours pas rassasiée. Il va observer le combat des chefs, humer le sens du vent. Puis sortir du bois, s'il s'estime en situation. La bataille va faire rage. D'une intensité au moins égale à ce que l'on a connu pour le contrôle du ... Parti socialiste.